Il fait nuit à 16H, on se masque le visage tout le jour pour se cloîtrer toutes les nuits depuis des semaines. Tous les jours c'est impuissance, maladie, claustration, argent, peur, impuissance, maladie, mort, claustration, et ainsi de suite... Je sais pas toi mais moi j'ai envie d'écharper des trucs, même des petits trucs, et pourquoi pas des trucs qui ne m'ont rien fait.
Pour le coup, ce film ne m'a rien fait, vraiment rien. D'ailleurs il n'a rien fait à personne : pas une seule critique à 1 étoile dans le coin et pas une qui dépasse les 7. J'y file 2, effectivement ça mérite pas le panache d'un 1 rageur.
Pourquoi ? Parce c'est à la fois un film à concept et un film à thèse, que ni l'un ni l'une n'est original et qu'en prime ça n'a pas la modestie de la légèreté.
Le concept : survivor à huis clos version fauch... euh, pardon... dépouillée.
Produit au Québec apparemment, le gros du budget est passé dans un chatoyant jeu d'éclairage au sol et une cinquantaine d'acteurs plus ou moins dotés de répliques convenues, probablement payés à la hauteur de leur talent, c'est à dire au smic intermittent.
La thèse : l'être humain est un animal social ; ses meutes contiennent des loups et des agneaux. Et quand il s'agit de sauver sa gueule, le loup est prêt à tout, y compris à se déguiser en agneau.
Sur le papier tu te dis que ça a été fait mille fois mais que ça peut te distraire voire t'intéresser sous réserve de dialogues intelligents à défaut d'être surprenants et d'acteurs touchants à défaut d'être convaincants.
Enfin les pauvres, avec un scénar pareil, c'est difficile : 50 zigues débauchés d'une pub pour Benetton se réveillent coincés dans des ronds sans savoir comment ni pourquoi. Ils découvrent en 1 minute que l'un d'entre eux doit mourir toutes les 5 minutes et y en a genre 3 qui paniquent. Les autres baissent les yeux ou font les malins. Perso j'ai tout de suite vu pourquoi je n'entrerai pas dans le Cercle : dès le premier mort j'aurais sauté dehors en couinant très fort.
Pourtant jusque là, à la limite peu importe. On est en novembre 2020, "the end is near" ; elle avance lentement, en silence, elle grille le rouge au passage piéton, la tête baissée sur son smartphone... Et là bim, la cerise sur le gâteau qui fait déborder le vase : ton survivor du jeudi soir est en mode grand électeur.
Oui, parce qu'en fait, au bout de 10 minutes et 4 morts, ils ont pigé qu'ils pouvaient voter pour le prochain mort. Alors quid de la démocratie, quid du droit de vote dans un espace à fortes contraintes darwiniennes ? Peut-on buter les vieux et les portos sans passer pour un eugéniste ? Si je monte les méritants les uns contre les autres, au hasard l'US Marine en perm et la cancéreuse en rémission, est-ce que je vais au moins pécho la femme enceinte à la fin ? Et la gosse là, elle va arrêter de chialer ou bien ? Je dis pas ça parce que j'ai 10 gosses et mes entrées au golf du Ku Klux Klan, mais bon, elle disait rien au début, y en a à peine 35 de foudroyés et ça gémit dès que la caméra est sur elle.
Tu me diras, OK ce film est nul, mais as-tu vraiment bingé tout le catalogue maladie-meurtre atroce-nazis-claustration de Netflix aka #suspensehaletant avant de te jeter sur ce pauvre petit film réalisé par deux innocents au palmarès tout fin tout fin voire invisible ?
Et bien non, je garde "La Révolution" pour la 3è vague #somptueux #horreur #effrayant #zombiesansculotte #rebelz.
Stay safe, va plutôt sur Arte TV, ils ont entré Inside N°9