Tout a été dit sur ce chef d'oeuvre absolu, pour son scénario, d’abord, original et délicieusement subversif : lâchés tels des loups dans la bergerie, les deux compères vont trouver l’amour. Joe, coup classique, en profitant des confidences faites à son double féminin pour conquérir une femme ; Jerry en acceptant une féminité imposée qui ne lui convient pas si mal. Tout cela dans un enchaînement de scènes désopilantes (en tête, le tango entre Daphne et Osgood Fielding III) et de répliques percutantes qui conduisent à celle, finale et légendaire, du milliardaire qui, apprenant que sa future mariée est un homme, lui lance, impassible, "nobody’s perfect".
Billy Wilder parvenant à conserver pendant deux heures un rythme aussi chaud que le jazz des filles de Sweet Sue avec le fameux "boop-boop-pi-doo !" de Marilyn. Un jazz qu’il intègre d’ailleurs complètement au film et qu’il ne traite pas comme un simple prétexte à son histoire. Wilder réussit également un superbe montage en parallèle entre deux scènes de séduction (Jerry dans son tango et Joe sur son bateau). Quant au noir-blanc, certes nécessaire en raison de la couche de maquillage rendant verdâtres les deux hommes, il apporte au film un charme fou.
Et que dire des acteurs, Tony Curtis, excellent tant en Josephine froide et sérieuse qu’en milliardaire frigide, impressionne aussi par la façon dont il laisse la vedette à Jack Lemmon, virevoltant et irrésistible en Daphne amoureuse. Et puis, au-dessus de la mêlée, irrésistiblement belle, c’est dire, Marilyn Monroe, adorable et craquante Sugar Kane. Toute en fraîcheur et naïveté, elle donne à cette joueuse de ukulélé en quête de millionnaires une émotion et une profondeur qui envoient valdinguer dans un air de jazz les clichés du personnage.