Quand Claude Lelouch recycle son cinéma et ses obsessions thématiques (la Deuxième guerre, la déportation et les wagons plombés, le 2ème concerto de Rachmaninov et le jazz de la Libération, la réincarnation), le cinéaste se fourvoie dans un romanesque stupide, insipide, voire indécent. Car mieux vaut ne pas aborder certains sujets tragiques plutôt que de les saborder par légèreté et maladresse. La scène la plus grotesque est bien celle où un officier allemand joue la Marseillaise avant d'embrasser goulument l'héroïne séduite.
Le sujet et la mise en scène du cinéaste, cuits et recuits, forment un long chemin de croix jalonné de redondances lelouchiennes, de dialogues et aphorisme dérisoires, relativement à la destinée et aux rencontres d'Eva, spécialement sentimentales, pendant la guerre et La Libération. C'est Audrey Dana qui s'y colle; elle compose un personnage sans matière dont la traversée de ces années 40 relève de la pire littérature de romans de gare. Je passe sur la transparence des seconds rôles et sur tous ces incidents qui laissent incrédule...
Des sentiments, des drames et de la musique, Lelouch doit penser que ça marche à tous les coups mais son inspiration est nulle et les émotions qu'il va chercher en toute complaisance sont frelatées. C'en est exaspérant.
Lelouch semble émerveillé par son propre cinéma (à ce niveau là, ca frise l'égotisme artistique); mais le meilleur du film, ce pourrait bien être, les quelques extraits de "Quai des brumes" et d' "Hôtel du Nord" qu'insère le réalisateur. Parce qu'on s'imagine à tort que le film va s'améliorer au fil des minutes; au contraire, il sombre toujours plus profond.
"Ces amours-là" est un des pires films de Lelouch, le plus soporifique probablement.