Ce réalisateur qui jadis faisait La Planète des Singes et Papillon...
Franklin J. Schaffner, des nazis, un chouette casting... Autant dire que j’attendais énormément de ce film, d’autant plus que le père Schaffner se paye le luxe d’avoir réalisé parmi deux de mes films préférés, La Planète des Singes et Papillon. J’en ressors un peu déçu. C’est le deuxième Schaffner qui me déçoit après Le Seigneur de la Guerre. Pas pour autant que tout est à jeter, loin de là, Ces Garçons qui venaient du Brésil a plus d’une qualité. Mais ses principaux défauts sont des éléments qu’il est en théorie inhabituels de retrouver chez un tel réalisateur.
Ce qui m’ennuie avant tout, et ça me fait mal de le dire, c’est qu’à plus d’une reprise le film a des aspects de téléfilm. Le scénario est de base très intéressant, de la traque aux nazis mixée à un complot pour le IVème Reich supervisé entre autre par Mengele... Le problème, c’est que son exploitation est très convenue, trop didactique, et propose des ficelles scénaristiques qui n’ont vraiment pas leur place dans ce genre de production. Alors que le complot se fomente, les éléments s’enchainent du côté des nazis d’une manière un peu aléatoire... On ne ressent presque jamais ce côté « grande organisation dans l’ombre », protégée par les dictatures d’Amérique du Sud. Pourtant, certains éléments répondent présents, comme une réception nazie en grande pompe (bien de penser à OSS 117 : Rio ne répond plus ?), mais ça n’est pas traité sur la longueur, ça ne fait qu’orbiter légèrement autour de la trame. Du coup, il y a peu de « vrais » personnages exploités. Sans parler d’un final qui ne tient vraiment pas debout, et qui fait littéralement expédié. Après l’idée développée pour recréer le IVème Reich n’est pas mal, assez intéressante, mais à nouveau elle trouve une trop grande faiblesse dans son dénouement trop facile.
C’est presque pareil pour la réalisation du film. Forcément, à certains endroits, on reconnait la patte de Schaffner, c’est-à-dire une maitrise quasi-totale de son décor, des mouvements de grue, une caméra assez mobile... Mais malgré ces petites marques, la plupart du temps la réalisation est très aplatie, et ne va pas chercher midi à quatorze heure dans les nombreux dialogues du film, en proposant un découpage tout ce qu’il y a de plus classique pour 1978 (voire même en retard par rapport à certains standards de l’époque avec des zooms pas bien maitrisés). Tout le travail visuel est en dents de scie, même la photographie. Et ça me fait chier de le dire, car dieu sait que j’adore Schaffner.
Un des points qui est plutôt bien travaillé c’est la musique de Jerry Goldsmith. Elle a une certaine ampleur, digne du compositeur, mais ne trouve hélas pas d’écho dans la réalisation du film. Quel putain de film ça aurait pu être, avec un peu plus d’ambitions !
J’ai également du mal à me fixer mon ressenti sur les acteurs. Forcément, il est très agréable de retrouver un tel casting et de voir Gregory Peck endosser le costume de l’ignoble Josef Mengele... Mais à l’instar du reste des acteurs, j’ai l’impression qu’il surjoue totalement le rôle. D’un autre côté, j’ai l’impression que ce surjeu colle aussi au personnage, du coup je suis mitigé. James Mason s’en sort déjà un peu mieux, avec davantage de flegme dans son jeu, mais je fais en revanche une constatation similaire en termes de surjeu avec Laurence Olivier, incarnant Liberman, le chasseur de nazis. Tout semble forcé, même l’accent, et ça me gène un peu. Sans parler d’un gamin (lié à l’intrigue) qui est presque une catastrophe de surjeu et de choix de casting. Il faut dire que l’écriture du personnage n’aide pas non plus.
Je ne suis pas mécontent d’avoir vu Ces Garçons qui venaient du Brésil, mais c’est frustrant de se dire que c’est juste un film qui est au mieux « OK », alors qu’il a le potentiel pour être un grand film, un film impitoyable, surtout que Schaffner en est capable. On m’annoncerait un remake, pour une fois, je ne serais pas mécontent.