Typiquement le genre de film dont il est très difficile de parler sans le spoiler. D'habitude j'en ai pas grand chose à faire mais pour une fois je vais quand même essayer. Je connaissais moi-même une bonne partie de l'intrigue avant de le voir et ça gâche un peu le plaisir. L'affiche du film est déjà presque un spoiler en fait, mieux vaux le voir sans rien n'en savoir.
Alors Ces garçons qui venaient du Brésil est un excellent thriller de science-fiction délivré par nul autre que le génial réalisateur des tentants Patton et Papillon (qu'il me tarde de découvrir) ou de La Planète des Singes, qu'il n'est plus nécessaire de présenter.
Connaissant une partie du synopsis, j'avais vraiment du mal à m'imaginer ce que ça pourrait donner une fois concrétisé à l'écran, et c'est finalement plus la curiosité qu'un réel intérêt qui m'a tout d'abord poussé vers le film. Avec un scénario pareil, je m'étais laissé croire qu'il s'agirait d'une comédie un peu potache et certainement bien grasse. Il n'en est rien : le film se prend au sérieux du début à la fin, et le plus fou c'est que ça fonctionne parfaitement. Schaffner va jusqu'au bout de son sujet et c'est tout à son honneur. On est vraiment emporté par cette investigation et par ce scénario aussi génial que saugrenu.
L'intrigue du film nous emmène aux quatre coins du monde. De l'Autriche au Paraguay, en passant par Londres, la Suède ou la Pennsylvanie, le dépaysement est garanti. Cet aspect "mystère international" donne au film un petit côté Tintin ou James Bond tout à fait appréciable.
Un gros point fort du film c'est son casting. Moi qui suis encore relativement inculte, je suis très peu familier des deux acteurs principaux, à savoir Laurence Olivier et Gregory Peck. Eh bien les deux sont tout bonnement excellents dans leur rôle respectif ; l'un étant fait de finesse, de flegme et d'humour, quand l'autre est tout de rage contenue, de passion et de ruse.
Les seconds rôles sont également savoureux, entre le très élégant James Mason, Lilli Palmer qu'on regrette de ne pas voir plus dans le film tant ses interactions avec Laurence Olivier sont délectables, Denholm Elliott qu'on retrouvera trois ans plus tard aux côtés d'un célèbre archéologue, ou le plus discret Walter Gotell dans un rôle qu'il reprendra quasiment à l'identique dans un épisode de X-Files.
J'ai écrit que le film était très sérieux dans son sujet et ses thèmes, mais il ne faudrait pas occulter le fait que les dialogues et l'ambiance triviale de certaines scènes sont délicieusement amusants. Pour ceux qui l'ont vu, pensez par exemple à l'arrivée du personnage de Laurence Olivier chez lui au début du film, complètement loufoque et pourtant synchrone avec le personnage lui-même, particulièrement drôle et attachant.
Pour finir, le principal intérêt du film se trouve dans les questions qu'il pose. Sans trop en dévoiler, celles-ci concernent le devoir de mémoire, la nature du mal chez l'être humain, la responsabilité d'un individu face à la marche du monde, les dérives de la science moderne... Parfois la question reste en suspens, Schaffner laissant le choix au spectateur de se faire sa propre opinion, parfois le film propose un début de réponse, sans jamais choisir la simplicité ou l'évidence.
La toute dernière scène du film est effrayante d’ambigüité, et il est tout à fait regrettable qu’elle ait parait-il été retirée de certaines versions.
La mise en scène et le montage restent très classiques, sans que ça ne porte atteinte à leur dynamisme ou leur efficacité. Le film est captivant de bout en bout et mérite assurément qu'on y jette un œil.