César
7.4
César

Film de Marcel Pagnol (1936)

(Bon, ce titre est tiré par les cheveux, puisque à proximité du vieux port, ce sont les "grands" Carmes).


La critique d'un film n'ayant RIEN de scientifique ou d'objectif, je me dois de revenir une derrière fois, à l'occasion de la conclusion de cette triplette de réflexions sur l’œuvre de Pagnol, sur une considération éminemment personnelle. Mais plutôt que de revenir sur le passé (Marius) ou sur le film lui-même (Fanny), une petite prospection sur le futur, qui, comme chacun le sait, n'est rien d'autre qu'une forme de présent mal dégrossie et encore un peu timide.


Alors qu'incapable de s'intéresser à priori à un film antérieur à 2005, de rester plus de 3 minutes sans consulter son portable QUELLE QUE SOIT SON ACTIVITÉ, et de ne pas se moquer d'un père qui "regarde des films danois de 1940 ou japonais de 1950, haha, !", un de mes enfants (inscrit sur ce site) ayant à peine acquis l'âge de la majorité sexuelle internationale, s'est laissé tenter par l'expérience Marius, parce que je lui avais glissé à l'oreille, incidemment, que cela participait un peu, non de dieu, à une forme de culture locale obligatoire pour toute personne de goût.
Non seulement le petit sacripant a accroché, mais encore a-t-il tenu à se fader les deux suites (et dans la foulée, s'il vous plait !) s'esclaffant plus qu'à son tour, notamment devant les saillies drolatiques du Raimu.
J'en reviens à ma notion de futur: tout n'est donc pas perdu pour les années à venir (mais déjà, SC avait eu tendance à me rassurer à ce sujet).
Un des thèmes de la série étant la fierté d'un père, vous comprenez que, bon.


César, pas las


Dès les premières minutes, on se rend compte que la fougue et la drôlerie Pagnolesque en ont pris un petit coup dans le carbu.
Entendre plus tard les explications de Marcel confirme cette première impression.
Devant l'impossibilité de réunir sa troupe habituelle pour la pièce qui clôturerait les aventures de ses Marseillais, pour cause de trop grande célébrité des acteurs (sans parler des cachets exorbitant que ces derniers touchent désormais), Pagnol se lance dans l'écriture de ce qui sera directement un film, seul moyen de réunir le casting de façon adéquat. Mais l'auteur est sans cesse interrompu par ses équipes techniques (il a lancé sa propre maison de production peu de temps avant) et il se retrouve très vite devant un ultimatum tétanisant: il n'a qu'un mois pour écrire la fin de sa trilogie.


Il a maintes fois raconté comment, pour pouvoir récupérer des meubles qui allaient servir d'éléments de décors, il avait dû improviser la fin d'un récit qu'il ne trouvait pas, parce la sœur de la prêteuse de meubles, à l'article de la mort, voulait absolument savoir comment tout cela allait se terminer, et si enfin Marius allait retrouver et se marier avec Fanny.
Donc, on le voit, l'inspiration et les conditions d'écriture ne furent pas à proprement parlé totalement optimales. D'où, sans doute, ces quelque moments assez fades.


Une sacré salade, César


Pourtant, ce ne sont pas vraiment des moments constitutifs de l'histoire que découlent les instants délicats.
Non, c'est plutôt dans les passages légers et humoristiques qu'intervient le petit malaise. Comme si Pagnol n'avait su comment, stressé et pris par le temps comme il l'était, remplir les trous entre les chapitres clefs de l'histoire.
Mais que cette douce remarque ne vienne pas occulter l'essentiel: l'ensemble est d'un tel niveau d'écriture, d'une telle force et d'une telle modernité, que les revoir 80 ans après ne change rien à la donne: à l'image de ce fils évoqué plus haut -dont le réflexe premier est de considérer une production qui n'embarque pas plusieurs millions de dollars d'effets spéciaux comme nulle et non avenue- qui suivit donc ces trois films avec avidité et délectation.


"Ah ! Vé ! César !"


Ah, et un dernier point, qui ne manque pas de piquant.
Le DVD bonus du coffret de la trilogie Marseillaise propose, entre autres petits plaisirs, un florilège de critiques datant de la sortie des films. C'est en lisant l'une d'entre elles, datant de 1936, que je tombais sur le titre qui illustre ce paragraphe.
Comme quoi, mais on le savait déjà, la sale habitude de donner à de pâles textes des titres idiots et calembouresques ne date pas d'hier.
Question critiques, nous ne sommes que des Schtroumpfs sur les épaules de nains.

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le 2 août 2013

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guyness

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