"Ceux de Cordura" est un film de Robert Rossen tourné en 1959. Il est à la limite entre western et film de guerre.
Il commence comme un film de guerre entre les USA et les bandes de Pancho Villa. Il est aussi dans un contexte de guerre puisque l'action se passe en 1916, juste avant l'entrée en guerre des USA sur le front européen. Le souci du pouvoir américain est de bâtir un corps d'armée à la hauteur des armées européennes d'où cette "recherche" de héros.
Il se poursuit comme un western avec un commandant Thorn (Gary Cooper) chargé de rapatrier cinq héros de la cavalerie américaine pour recevoir une haute décoration. Une femme américaine, propriétaire d'un ranch au Mexique et sympathisante des hors-la-loi mexicains est jointe au convoi pour y être accusée de trahison ou d'intelligence avec l'ennemi.
Les conditions du trajet sont extrêmement dures et les personnalités profondes de tous se dévoilent. Les fameux héros si courageux se révèlent être des crapules voire même des lâches. Et le groupe au départ devient une somme d'individualités prêtes à en découdre pour leurs survies personnelles.
Le film pose clairement la question au générique "Qu'est-ce que le courage ? Qu'est-ce que la lâcheté? " et va s'attacher à analyser qu'est-ce qui différencie l'homme courageux du lâche.
Et toutes les personnes décrites dans le film vont présenter fatalement une ambiguïté à un moment donné :
Le colonel commandant le régiment s'abaisse en faisant pression sur le commandant Thorn (Gary Cooper) pour qu'il lui dégotte une citation pour enfin décrocher son étoile de général ...
Le commandant Thorn a lui-même eu une défaillance dans une précédente bataille où il a été surpris en train de s'abriter et a donc été suspect de lâcheté au feu. C'est une sorte de brûlure qu'il porte sur son front et qu'il va tâcher d'effacer avec cette mission.
La propriétaire du ranch (Rita Hayworth) suspecte de trahison pour des motifs peu avouables observe avec mépris ces "héros" et appréhende le retour au pays car elle ou sa famille y ont laissé quelques casseroles .
Parmi les "héros", le caporal et le sergent (Van Heflin) vont tenter de violer la femme ou de se mutiner contre le commandant Thorn.
C'est le film de la mauvaise conscience. Il n'est d'ailleurs pas impossible que Robert Rossen lui-même, qui a été victime du McCarthisme et black-listé pendant quelques années avant de se racheter en se dénonçant, y ait laissé aussi une part de sa mauvaise conscience dans ce film.
Ce western conduit une sorte de réflexion philosophique sur les notions d'héroïsme, de courage et de lâcheté sans apporter de vraie réponse car sans doute, il n'y a peut-être pas de vraie cause.
Nul doute que ce western complexe est à la fois dur dans son propos et ambitieux dans sa portée. Il est assez difficile d'accès et peut très bien ne pas intéresser d'emblée l'amateur classique du western ou même du film de guerre.