Taylor Sheridan scénariste des deux westerns modernes Sicario et du décalé Comancheria, avait su proposer avec la réalisation de Wind River une photographie des US et des laissés pour compte par une intrigue policière rondement menée, mettant en valeur les paysages reculés et dangereux du Wyoming. Une ambiance glacière et silencieuse, aux scènes d'actions rares mais percutantes et au suspense bien rendu, prenant le temps d'installer ses personnages.
Un nouveau venu dans les propositions calibrées du cinéma et pourtant Those who wish me dead, avec un titre plein de promesses, où les enjeux environnementaux rappelant à l'actualité des feux de forêt ou aux combats de ces femmes et de ces hommes à la sauvegarde des espaces sauvages, se résume à une intrigue lambda répondant aux codes du genre avec son enfant en danger, pour un survival en milieu hostile.
Jouant de violence sans grande tension, d'alternance des uns aux autres, tout autant absents que l'est l'intrigue elle-même, l'absence de fluidité, de connexions entre les personnages et d'émotion rappellent qu'il s'agit d'une adaptation littéraire et comme on le sait, l'appréciation peut être différente suivant le matériau. Ca donnerait presque envie de lire le livre de Michael Koryta pour voir un peu de quoi il est question (?).
Si la scène d'introduction laissait présager du meilleur par un rythme tendu de combattants du feu pris au piège, et sauts de parachutes au montage nerveux, on craignait déjà la suite à venir par une série de flahsbacks répétitifs et des expressions contrites et sans aspérité d'Angelina Jolie que l'on a vu plus inspirée, se remémorant un drame passé avant de tomber par hasard -dans l'immensité du Montana-, sur ce jeune garçon en fuite, témoin d'un meurtre. Scène attendue comme tant d'autres à venir.
Et si le plaisir de revoir l'actrice, adepte des rôles musclés, reprenant du galon en garde forestière traumatisée, fait bien plaisir, on regrette qu'elle survole son personnage, ne nous offrant même pas son sourire espiègle, et ses cascades jouissives. Le clin d'œil du pauvre à la descente cordée de Thomb Rider fait peine à voir. Et ce n'est pas non plus la présence toujours appréciée d'Aidan Gillen en tueur acharné-et de l'invisible Nicholas Hoult-, aux motivations floues qui va remonter le niveau. Les deux hommes répondent aux caractéristiques grossières de psychopathes, qui élimine les témoins d'affaires encore plus opaques, tuant des familles entières avant de continuer la route, au vu et au su de tous.
On remarque alors le bon choix avec Jon Bernthal, le shérif, égal à lui-même et toujours a sa place pour cet acteur qui de The walking dead aura su choisir quelques sorties de route (on se souvient de son personnage secondaire mais jubilatoire dans Le loup de Wall Street, ou du peu connu Sweet Virginia). On le sait aussi, ce n'est pas en choisissant de bons acteurs que l'on fait une bonne histoire, d'autant lorsque l'on sait que notre ami Nicolas Cage adepte des ratages parfois bien fendards était pressenti pour le rôle.
Et tout d'un coup, nous revient en mémoire certains épisodes de la série Yellowstone ou le scénario pour le récent Sans aucun remord et force est de constater que l'appel hollywoodien pour Sheridan, a peut-être commencé son œuvre.
Que reste-t-il alors ? Une femme enceinte, pour l'instant revanchard, qui vient prendre la relève de notre héroïne en volant au secours de son shérif de mari prisonnier des flammes dans une tour de guet qui survivra aux flammes, et quelques scènes qui ressortent du lot par leur photographie essentiellement. Cela a au moins le mérite de nous rassurer sur le potentiel de Sheridan, mais on regrette que la mise en valeur des paysages fasse grandement défaut.
Produit par Bron studios pour des films grand public et qui élargi son domaine d'action à la TV, on peut se demander à juste titre, quels ont été les freins à un métrage plus abrupte ou du moins plus réflexif. Ce n'est pas un soupçon de dictature gouvernementale visant à supprimer les dangers potentiels à leurs petites affaires corrompues qui vont marquer le portrait.
On rajoute à la déception, la volonté de réalisme par la plantation de centaines d'arbres voués à disparaître dans les incendies, pour les besoins de production...