Party State

9 ?! On serait devant un quasi-chef d'œuvre ? Peut-être me trouvez-vous un peu fou ? Peut-être que cela vous incite à le voir ?

Qu'on soit clair, Cha Cha Real Smooth est à mes yeux loin d'être un chef d'œuvre. C'est à dire qu'en soit, le film de Cooper Raiff n'a rien d'intemporel. Je n'ai pas particulièrement envie de le voir une seconde fois et d'ailleurs, l'impression qu'il m'a laissé et les émotions qu'il m'a fait ressentir en pâtiraient peut-être si je m'y risquais. Et dernier point et pas des moindres, il ne fera je pense en aucun cas l'unanimité à travers les âges.

Et pourtant !

Face au générique de fin, je n'avais qu'une envie, réveiller tout le monde chez moi pour leur vanter ce très bon moment que je venais de passer. J'avais envie d'ouvrir ma porte, de sortir pour croiser des gens (chose quasi impossible à 23h dans mon patelin) dans l'unique but de leur dire de voir ce film aussi apaisant que son titre est improbable. J'avais envie de le recommander aux rares noctambules qui m'aurait surement regardé avec méfiance, se demandant d'où sortait cet homme bizarre qui les accoste sans raison. Certains m'auraient probablement dit avant que j'ai eu le temps d'ouvrir la bouche : "Non, désolé, je ne suis pas intéressé" ou "je n'ai pas d'argent sur moi".

Dommage pour eux car aussi simple que soit cette histoire d'amour, elle possède une justesse de chaque instant, de chaque dialogue, de chaque sourire, de chaque scène, de chaque musique, une justesse inébranlable, comme si tout était à sa place, comme s'il ne pouvait en être autrement. De certains diraient que tout est trop gentil pour être vrai et j'ai moi même eu envie de l'écrire mais c'est en le faisant que je me suis rendu compte que non, tout n'est pas que gentillesse (harcèlement, relation avec le beau-père).

Mais Cooper Raiff et Dakota Johnson (reconnue pour ces 50 nuances mais déjà remarquable dans The peanut butter falcon) font rayonner cette relation jusqu'à éclipser ces moments et ils donnent à chaque décision, chaque rebondissement toutes les nuances de ce que la vie peut nous réserver, faisant ressortir l'extrême complexité de savoir ce que l'on souhaite, qui on est, pour nous mener jusqu'aux sentiments et à la raison qui guident ou refreinent nos actes. Ainsi, cette comédie dromantique (mix de romantique et dramatique) ne fait que nous surprendre par son décalage perpétuel avec ce que le genre, plus manichéen nous offre d'habitude en attribuant inévitablement des rôles de "gentils" et de "méchants" là où il n'en existe pas (la bêtise adolescente face à la différence qui s'invite par deux fois incluse).

Ce que je retiendrais surtout ici, c'est donc la gentillesse presque palpable d'Andrew qui ne déteint pas que sur son entourage. Elle crève l'écran pour venir nous attendrir, nous toucher à travers la relation qu'il va créer avec Lola, cette enfant autiste, mais aussi à travers toutes celles qu'il entretient ou finit par entretenir.

Comme Zach Braff avant lui avec son Garden State, Cooper Raiff livre un film aussi intime qu'universel avec un talent énorme et une justesse de tous les instants, dirigeant ses acteurs avec brio comme en témoigne chacun des sourires de Leslie Mann.

Bref, loin d'être un chef d'œuvre selon mes critères (mais le 10/10 est là tant il fait un sans faute), Cha Cha Real SMOOTH n'en reste pas moins une véritable bouffée d'air frais bienfaisante.