Ce mélange de chronique sociale et de polar sentimental constitue l'ultime long-métrage de Karol Reisz. Dans les années 60, ce réalisateur britannique d'origine tchécoslovaque fut - avec Lindsay Anderson et Tony Richardson - l'un des chefs de file du free cinema, sorte de nouvelle vague à la mode anglaise.
Lorsqu'il tourne "Everybody wins", connu en France sous le titre "Chacun sa chance", mais aussi parfois "Les éxécuteurs", Reisz arrive en fin de course, parvenant toutefois à réunir deux têtes d'affiche des années 80, en la personne de Nick Nolte et Debra Winger.
Les deux comédiens ont déjà travaillé ensemble trois ans plus tôt - incarnant le couple central de "Rue de la sardine", l'adaptation de John Steinbeck - ce qui rejaillit favorablement sur le film de Reisz, dans lequel Nolte et Winger apparaissent singulièrement complices et investis.
Dans la peau d'une femme proche de la schizophrénie, entre fragilité touchante et nymphomanie dévorante, Debra Winger impressionne particulièrement (même si elle a toujours beaucoup trop de cheveux!).
Pourtant, "Everybody wins" ne rencontrera guère de succès, au point qu'aujourd'hui tout le monde semble l'avoir oublié. Présentant des caractéristiques proches en apparence de la flopée de polars hollywoodiens qui fleurissaient à l'époque, le film déçoit dans cette perspective-là, trop mou et trop lent pour captiver.
En réalité, Karel Reisz propose une approche bien plus subtile, comme en témoigne la nature complexe de ses personnages, l'intérêt porté au fonctionnement d'une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, et le choix d'un dénouement anti-spectaculaire (cf le titre, qui se révèle ironique).
"Everybody wins" se révèle donc un peu plus intéressant que prévu, mais hélas pas suffisamment pour mériter une recommandation.