C'est drôle : cela fait un bon moment qu'un film de Claude Lelouch ne m'a pas plu et pourtant, je continue de les regarder, par « fidélité »... Pourtant, j'ai la furieuse impression, parfois, que lorsque vous en avez vu un, vous les avez vous presque tous vus (du moins concernant les derniers). Papy Lelouch nous ressort ses éternelles considérations sur la vie, l'amour, les gens, le destin, l'idée que nous serions tous liés... Sur le principe pourquoi pas, encore faudrait-il se renouveler un peu, car je n'y ai vu, comme souvent, que des poncifs, des banalités, certes parfois pas mal tournées, mais souvent tellement prétentieuses qu'elles annihilent presque toutes les bonnes intentions. C'est un autre problème récurrent du cinéma de Lelouch : celui-ci se croit (beaucoup) plus talentueux qu'il n'est (filmé par Claude Lelouch sur la dernière image : ça va, le melon?), alors que plus d'humilité siérait infiniment plus à ses récits pas (tous) antipathiques.
On y trouve même quelques scènes sympas, que le réalisateur a la mauvaise idée de prolonger indéfiniment
(je pense notamment à celle entre Eric Dupont-Moretti et Béatrice Dalle),
réduisant leur efficacité. Le pire, c'est que je ne peux m'empêcher d'avoir une petite affection pour l'auteur d' « Un homme et une femme » : on sent qu'il y croit, à ses inepties, qu'il espère vraiment toucher le public avec ses platitudes. C'est un peu l'oncle embarrassant dans les soirées familiales, gros beauf se rêvant éternel romantique : il ressasse depuis quinze ans les mêmes histoires, mais de temps à autre, il ne les raconte pas trop mal et il y en a une ou deux qu'on n'a pas entendus, alors on fait un effort pour l'écouter. Étonnante également que cette capacité à s'entourer de castings aussi imposants, s'efforçant de donner un minimum de temps d'apparition à chacun, ce à quoi il ne parvient pas si mal, même si personne n'a, du coup, quelque chose de vraiment intéressant à jouer, la grande majorité des comédiens se contentant du minimum (allez, la belle Nadia Farès et Julie Ferrier se distinguent légèrement).
On regrettera, enfin, que le réalisateur rate quelques scènes qui auraient pu être sympas faute de les contextualiser suffisamment
(le sosie de Johnny Hallyday),
voire carrément gênantes
(à quel moment tu te dis qu'une romance entre un homme richissime et sa contrôleuse fiscale, ça va le faire ? Déjà y penser c'est chaud, mais en plus la tourner et surtout la garder au montage...)
ou scandaleuses
(un homme cédant sexuellement sa fiancée afin de faire sauter ses infractions routières, le tout presque dans la joie et la bonne humeur : tout va bien!).
Bref, dans le grand tourbillon de la vie de l'ami Claude, il y a toujours des petites choses à sauver, mais nul doute que cet énième film choral confirme que ce dernier n'a plus grand-chose à dire, pour peu que cela ait été le cas depuis de nombreuses années...