Casino princier

Réalisateur majeur dans le cinéma italien des années 30-40, le vétéran Mario Camerini a beau réunir la jeune garde qui fera bientôt les grandes heures de la comédie italienne des années 60-70, son "Crimen" reste une comédie policière laborieuse et décousue.

En effet, le film a du mal à démarrer (avec la scène interminable de la découverte du cadavre devant la maison), puis l'ensemble se révèle bancal et dénué de finesse : ça braille à tout va, on mise beaucoup sur le comique de répétition et sur les situations absurdes, où les comédiens peuvent s'en donner à cœur joie.

Pensez donc : Alberto Sordi, Vittorio Gassman et Nino Manfredi, pas encore la quarantaine, accompagnés de comédiennes telles que Silvana Mangano ou Franca Valeri, et cornaqués par un Bernard Blier commissaire de police (chargé de les faire avouer un crime qu'il n'ont évidemment pas commis) : voilà un casting prometteur qui ne manquait pas de talent.

Las, les dialogues manquent de mordant, le rythme n'est pas optimal, avec des séquences drolatiques qui ont tendance à s'éterniser, et l'humour estampillé fin des années 50 reste trop bon enfant pour enthousiasmer le spectateur contemporain.

Certains passages parviennent toutefois à faire mouche, comme la scène du casino qui voit un Sordi survolté passer d'une table à l'autre en répétant le même cérémonial absurde, dans un sabir franco-italien assez hilarant.

Il faut préciser en effet que le récit se déroule à Monte-Carlo, ce qui constitue une jolie valeur ajoutée pour "Crimen", grâce au charme désuet des décors de la principauté (avec le portrait de Grace et Rainier accroché au mur du commissariat, par exemple).

L'ensemble reste donc regardable, non dénué de sourires et de bonne humeur un peu forcée, mais "Crimen" ne s'inscrit pas au panthéon de la comédie italienne, loin de là - même si le film de Camerini fera l'objet d'un remake US tardif, avec Jim Belushi et John Candy ("Once upon a crime", 1992).