Le grand public découvrait Luca Guadagnino avec Call Me by Your Name et son petit succès critique qui a fait beaucoup d'effet.
C'était en 2018. Déjà.
Une époque révolue, peut être, pour le cinéaste.
Car dès son œuvre suivante, un Suspiria new look, il semblait avoir perdu de son mojo, remplaçant les élans émotifs de son magnum opus par une esthétique très léchée, une ou deux scènes choc, mais plus encore par nombre de balourdises et de maladresses.
Malheureusement, Challengers semble aujourd'hui confirmer ce qui ressemble, à la sortie de la salle, à une descente d'organe. Bien que les scènes de sport emportent souvent le morceau.
Car on se demande tout d'abord comment Guadignino a pu rater à un tel point sa relation sentimentale mise en scène, aux allures de bromance trioliste. En effet, devant un tel sulfureux de Franprix, comment ne pas penser aux plus belles heures de la série française Extrême Limite, ou, pour rester dans le sujet de la discipline tennistique, aux intrigues pleines d'hormones adolescentes de 15/A ?
Ensuite, parce que le masqué n'a cru que très moyennement aux aller-retours entre ces trois-là, dès lors qu'il imaginait mal que le personnage de Zendaya, décrite comme une killeuse, puisse s'intéresser très longtemps à ses deux comparses qui n'étaient pas, et ne sont jamais, à la mesure de son ambition et de son talent.
Et qu'il s'est retrouvé devant non pas une saga sportive épique, mais une simple histoire de coucheries sur fond de court et de concours de qui a plus grosse raquette en main, ayant comme maîtresse de cérémonie une Zendaya soit allumeuse, soit boudeuse, aux allures de reine qui s'ennuie sévère devant le spectacle qu'elle a pourtant produit elle-même à grands frais.
Et histoire de rallonger une sauce un peu trop juste, Guadagnino opte pour un montage ampoulé d'un unique match farci de flashbacks parfois un peu mous. Soit une structure qui avait participé à l'enthousiasme suscité l'année dernière par The First Slam Dunk, mais qui aujourd'hui peine à sauver le film, en croyant sertir à son intrigue des retournements de situations assez faisandés.
Challengers se paie même le luxe de ne traiter son personnage principal qu'en surface, faisant tout simplement l'impasse sur le trauma de sa blessure et son rêve brisé, qui aurait pu apporter une dimension supplémentaire à sa relation avec ses deux petits blancs. Et si certaines confessions font parfois mouche dans l'aspect psychologique de Challengers, celui-ci se contente de faire de sa figure de proue, au final, une sorte de vilaine sorcière qu'il faudra nécessairement abattre au terme d'un dernier set d'un ridicule achevé qui fait beaucoup de mal au film. Encore plus que la bande originale hors-sujet aux allures de musique de discothèque campagnarde des années quatre-vingts.
Il n'y aura donc que quelques scènes de sport, plutôt inspirées, qui sauveront Challengers de la roue de vélo, comme certaines scènes intimistes tardives qui essaient enfin d'embrasser l'intériorité de ses protagonistes.
Mais trop peu, et surtout trop tard, pour envisager une qualification à un grand chelem du cinéma...
Behind_the_Mask, un trou dans la raquette.