Dans *Challengers*, Luca Guadagnino nous convie à une joute où le tennis devient le terrain de jeu des désirs et des tensions secrètes. Portée par une Zendaya incandescente, l’histoire explore les arcanes d’un triangle amoureux et d’une rivalité où chaque point, chaque échange, devient prétexte à révéler les zones d’ombre des personnages.
Guadagnino, fidèle à son style visuel sophistiqué, transforme chaque mouvement en une danse silencieuse, chaque frappe en une déclaration muette. La caméra suit les protagonistes avec un regard qui perce l’apparence, capturant non seulement la violence des gestes mais aussi celle des émotions refoulées. Cette chorégraphie visuelle, sensuelle et hypnotique, enveloppe le spectateur dans une atmosphère où l’intensité se cache derrière la retenue, comme une promesse prête à éclater.
Zendaya, dans ce rôle sur mesure, se révèle fascinante et ambiguë, oscillant entre une force es magnétique et une fragilité à fleur de peau. Elle compose un personnage qui, sous des airs de ferveur athlétique, se laisse peu à peu dominer par les contradictions du cœur. Aux côtés de Mike Faist et Josh O'Connor, elle forme un trio à l'alchimie troublante, où les regards et les silencvalent bien plus que des mots, comme des balles échangées sans jamais toucher le filet.
Le film, tout en finesse, maîtrise l’art des tensions invisibles, mais certaines ficelles du récit pourraient sembler attendues. Bien que Guadagnino se glisse adroitement entre rivalité et trahison, l’histoire manque parfois de cette surprise qui désarçonne. Les spectateurs, pris dans les spirales du désir et de l’ambition, pourraient attendre une rupture de rythme, un coup droit inattendu, qui bousculerait la trajectoire narrative.
D’ailleurs, le tennis ici sert plus de métaphore que de véritable sujet. Les scènes de match, magnifiquement orchestrées, sont plutôt rares et ne cherchent pas à capturer l'exaltation du sport mais à illustrer les duels intérieurs. Ce choix pourra séduire ceux en quête de symbolisme, mais pourrait frustrer ceux espérant un véritable affrontement sportif.
Dans ce récit étiré, Guadagnino impose un rythme qui se fait sentir comme une longue préparation avant le coup final. Une lenteur que certains percevront comme une mise en tension psychologique, tandis que d'autres pourraient y voir une langueur excessive.
Quant aux personnages, souvent distants et énigmatiques, ils semblent animés par des forces invisibles, presque inaccessibles. Ce choix de sobriété et de froideur délibérée peut nuire à leur humanité, donnant au spectateur l’impression de scruter un jeu dont les règles restent floues.
En somme, Challengers est une œuvre singulière où l’élégance de la mise en scène sublime les arcanes d’un triangle amoureux chargé de non-dits. Si Guadagnino signe ici un film audacieux et captivant, il le fait en privilégiant la forme sur l'élan du récit. Une œuvre intrigante, pour qui aime les chemins détournés et les regards qui brûlent en silence, mais qui pourrait laisser les autres sur le banc de touche, cherchant ce point décisif qui n’arrive jamais.