Pur produit du cinéma français forgé par des années de lecture des Cahiers du Cinéma, « Chambre 212 » ravira tous ceux qui adorent le marivaudage rohmérien (forcément délicat et profond en même temps), les dialogues littéraires que personne ne sait jouer (à part ici Biolay) et les brillantes idées de mise en scène en carton-pâte. Mais pourquoi diable Christophe Honoré persiste t’il à réaliser des films alors qu'il pourrait se contenter de faire du théâtre ?
Comme beaucoup de cinéastes français intello-cinéphiles, Christophe Honoré semble convaincu d'avoir toute sa place dans le cinéma contemporain. Avec « Chambre 212 », il s’inscrit carrément dans les pas de Woody Allen, Ingmar Bergman, Bertrand Blier et même Sacha Guitry (ce sont les premiers noms qui apparaissent dans les remerciements du générique de fin...) Rien que ça ! Faut oser…
Si on perçoit bien les influences (on pense à Resnais aussi), on est évidemment loin, très, très loin du cinéma de ces illustres aînés, tout au plus des derniers films pathétiques de Blier, notamment dans la façon dont les comédiens incarnent le texte. Chiara Mastroianni et Camille Cottin ont toutes les peines du monde à s'en sortir dignement. Esthétiquement, le travail des couleurs et de la lumière est intéressant mais, une fois de plus, il s'inscrit dans une mise en scène tellement théâtrale qu'on passe son temps à bailler en attendant la fermeture du rideau.