Chantons sous la pluie par Ninesisters
Si vous me demandez quel film me donne la patate à chaque fois que je le regarde, je répondrai sans hésitation Les Demoiselles de Rochefort. Chantons sous la Pluie m'a fait exactement le même effet. Cela doit provenir de Gene Kelly, puisqu'il joue dans ces deux comédies musicales. C'est ça, ou je suis particulièrement sensible à ce genre de comédie.
Je vais finir par penser que la seconde option.
J'avoue que je n'avais aucune idée de quoi parlait exactement ce film avant de le regarder. Comme tout le monde, je connaissais cette célèbre scène où Gene Kelly chante et danse sous une averse, maintes fois parodiée et reproduite ; je me souviens l'avoir découverte pour la première fois dans La Ballade des Dalton, et cela date sérieusement.
Si je ne l'ai pas vu plus tôt, c'est probablement car je m'attendais à un produit assez mièvre, du style dont je ne suis pas spécialement friand. Comme quoi, les préjugés ont la vie dure. Alors, je ne vais pas dire que Chantons sous la Pluie est un monument dramatique de complexité, mais c'est avant tout un concentré de bonne humeur.
Ce long-métrage raconte finalement une histoire similaire à celle de The Artist, mais avec beaucoup de son, beaucoup de couleurs, et beaucoup de positivisme ; cela ferait même un peu pays des Bisournous, mais ce n'est pas grave, c'est plaisant et ça fait du bien. L'histoire, donc, est celle d'artistes du cinéma muet qui éprouvent certaines difficultés à passer au parlant. Habitués à la pantomime et pas du tout aux dialogues, ils n'auraient pas risqué de faire carrière au théâtre ; alors le cinéma parlant va poser quelques problèmes. L'autre point commun avec The Artist, c'est que le héros est, comme le nom l'indique, un artiste, une véritable bête de scène, une ancienne vedette du music-hall avec un goût prononcé pour la danse. C'est cet aspect de sa personne – et de son meilleur ami Cosmo – qui permettra en partie de justifier l'omniprésence de séquences musicales parfois impressionnantes, et toujours entrainantes. Que nous aimions ou pas la comédie musicale, cet aspect de Chantons sous la Pluie est tellement dynamique qu'il suffit de se laisser porter.
Au-delà du côté musicale, il s'agit avant tout d'une comédie. La bonne humeur, c'est une chose, mais ce film s'avère surtout très drôle. D'une part car Gene Kelly et son compère ont beaucoup d'humour – leur façon de raconter leurs débuts est irrésistible – et d'autre part car le personnage de Lina Lamont est involontairement hilarante ; lorsqu'un réalisateur essaye de la faire tourner dans un film parlant, nous avons droit à des séquences jouissives, ou elle multiplie les bourdes tout en nous vrillant les tympans avec son timbre de voix très... atypique.
Chantons sous la Pluie est une comédie musicale complète : ça bouge, ça danse, ça amuse, ça vit, ça ne prend jamais la tête, c'est juste une énorme bouffée de joie et de plaisir. En voilà un qui n'a certainement pas volé son statut de film culte !