"Encore un énième film de science-fiction qui aborde, une fois de plus, la thématique incontournable de l'intelligence artificielle ! " me direz-vous. Certes. Surtout que cette année, il était pratiquement impossible d'y échapper entre Les Nouveaux héros (Big Hero 6), Avengers 2 ou Terminator : Genesys.
Néanmoins, selon moi, ce long-métrage ce démarque par le choix prisé du réalisateur de raconter son histoire sous le prisme du conte philosophique et du récit initiatique. Difficile de ne pas penser à "Candide", dont Chappie est une version robotisé du héros voltairien. En effet, à travers ses multiples péripéties, il va passer par plusieurs émotions entre émerveillement, dégout, tristesse (non je parle bien de Chappie et non de Vice-Verca ^^), qui vont rythmer son apprentissage dans un monde en proie à la folie. D'ailleurs l'action du film se situe en Afrique du Sud (pays natal du réal') mais qui fut, déjà, le théâtre de l'affrontement ethnique entre les aliens et les humains dans son tout premier et percutant long, District 9 tourné comme un documentaire. Ici Blomkamp s'empare intelligemment bien du contexte socio-politique réel afin de l'encrer au mieux dans un récit d'anticipation où la police high-tech envoie des machines rétablir l'ordre et la sécurité dans la société (pitch nettement inspiré de Robocop). Ce moment est illustré par une magistral séquence d'ouverture qui nous catapulte directement dans le vif du sujet ( une imposante démonstration de l'efficacité des robots "flics"). Cette scène résume toute l'intensité et la nervosité de la réalisation qui alterne des scènes haletantes et d'autres plus en retenu. Quoiqu'il en soit le film ne souffre d'aucun temps mort. Mais au milieu de toute cette violence, il y a Chappie, la star du film, un automate élevé par deux lascars qui va subir la double influence de ses faux parents et celui de son créateur, un geek indou incarné avec justesse et sincérité par le jeune Dev Patel. Dès lors le film se scinde en deux parties: son apprentissage au sein du pseudo-cocon familiale( qui laisse place à quelques scènes hilarantes) et son largage brutale dans le monde des adultes. Je pense évidemment à la scène absolument déchirante et insoutenable dans laquelle il est pris à partie par des voyous près d'une décharge qui se révèle être le point de départ de son périple existentielle. Ainsi Chappie se transforme en vagabond solitaire en qui, chacun peut s'identifier. La vie ressemble à un ring de boxe où il faut être prêt à encaisser les coups et à apprendre à se relever afin d'éviter de finir K.0. Voilà à quoi on pourrait comparer l'aventure de Chappie essayant de trouver sa place, de ne pas succomber à la tentation du Mal et, en même temps à fuir le danger et la bêtise humaine, apparent sous la forme du personnage (très caricatural) de Hugh Jackman qui livre une interprétation assez décevante. Enfin arrive le point culminant du film qui délaisse, le temps d'une scène, son sujet principal pour s'embarquer dans l'univers sidérant de la renaissance physique et de la réincarnation spirituelle ! Invraisemblable ? Peut-être. Passionnant et excitant ? Carrément !