Charisma par Gewurztraminer
Mis a pied après une prise d'otage ayant tourné au massacre, un inspecteur au bout du rouleau s'exile dans un curieux microcosme forestier régit par le mystère et l'absurde. Un Kiyoshi Kurosawa pleinement marqué du sceau de l'opacité où s'y déploient des accès existentialistes et atmosphériques autour de la figure allégorique du Charisma, un arbre-totem mortifère contaminant son environnement. On retrouvera encore ici la veine présomptueuse d'un réalisateur à la caméra froide tenant soigneusement son spectateur à distance d'un sujet ne dépassant jamais l'ébauche théorique chargée de symboles creux. Autant de discours et aphorisme las sur le libre arbitre, les rapports de puissance/dépendance, l'écologie et l'équilibre naturel du monde. On se reportera sur un certain sens du cadre et de l'ambiance valant quelques beaux moments flottants et inquiets dans une nature terne et malade dont les maux s'insinuent chez des personnages au bord de la rupture. Pour ce qui était à l'origine un curieux projet de western, on retrouve en souterrain quelques motifs détournés appuyant le décalage dans une tonalité satirique tombant à plat (et que dire du thème musical laissant pour le moins sceptique...), des questions de frontières, d'antagonismes, de principes régissant les déambulations et errances de personnages- marionnettes où l'inspecteur/étranger finira par boucler sa quête personnelle et incarner l'enjeu moral du récit. Un projet inégal et ambitieux dont les charmes discrets sont vite recouverts par une rythmique défaillante, confiante dans le systématisme monotone de plans séquences fossilisés, et d'encombrantes velléités auteuristes trop concernées à figurer l'opaque. Pour finir par laisser son spectateur perplexe devant un tableau final crépusculaire comme ultime pièce rapportée. Trop peu, trop tard.