Willy Wonka,patron d'une mythique chocolaterie américaine,organise un concours dont les gagnants seront cinq enfants qui pourront visiter son usine où personne n'entre jamais.Charlie Bucket,rejeton d'une famille miséreuse vivant à deux pas de la célèbre fabrique,où son grand-père a d'ailleurs jadis travaillé,fait partie des heureux lauréats.Mais la visite,menée par un Wonka extrêmement bizarre,va se passer de façon inattendue.Roald Dahl,romancier britannique,a écrit beaucoup d'histoires pour enfants à connotation fantastique dont certaines,comme "James et la pêche géante","Fantastic Mr. Fox" ou "Le Bon Gros Géant",ont été adaptées au cinéma.En ce qui concerne "Charlie et la chocolaterie",il s'agit ici de la deuxième version filmée après celle de Mel Stuart en 71 avec Gene Wilder en Wonka.Pas étonnant de voir Tim Burton s'emparer de ce récit qui cadre parfaitement avec le style barré et baroque,mi-féérique mi-horrifique,qui constitue sa spécificité.Sa vision esthétique délirante trouve là un terrain de jeu idéal,tout comme l'aspect "conte cruel" de l'histoire s'inscrit idéalement dans son univers mental.Le côté "grand gosse" de Burton,maintes fois exploité dans ses films,a rarement été autant mis en évidence.Pour matérialiser cette folie furieuse visuelle,le cinéaste s'est entouré d'une équipe technique high level.La Warner,qui produit,a accordé des moyens importants qui n'ont pas été gaspillés par le décorateur Alex McDowell et la costumière Gabriella Pescucci,tandis que le chef-op français Philippe Rousselot,qui avait travaillé avec Burton sur "La planète des singes" et "Big Fish",signe une photo à la texture sublime qui rend justice aussi bien aux tons sombres hivernaux qu'aux explosions de couleurs de la chocolaterie.Le tout est mis en musique par Danny Elfman,vieux complice du réalisateur,qui a composé la partition inspirée et les chansons tragi-comiques qui rythment le film.Quant au scénario de John August,il se découpe en trois parties.Ca commence avec la présentation de Charlie et de son impécunieuse famille pour se poursuivre par la visite mouvementée de l'usine,avant de revenir dans le monde des Bucket.La partie centrale,dans la chocolaterie,est la plus copieuse et se divise en scènes se déroulant dans différentes salles,chacune de ces pièces étant le théâtre de l'élimination d'un des mômes accompagnée de numéros musicaux drôlatiques interprétés par les étranges Oompa Loompas,ces nains tous semblables qui servent d'ouvriers à Wonka.Ce dispositif est à la fois gonflé,marrant et malaisant,car il n'est guère coutumier,surtout dans un film jeunesse,de voir des gamins ainsi maltraités,et le pire est que le sadisme qu'ils subissent devient celui du spectateur qui a du mal à plaindre cette bande de petits salopards.En effet,à l'exception de Charlie,les enfants présents sont tous de détestables crevures qu'on n'est pas mécontent de voir disparaître du tableau.Il y a Augustus,un allemand obèse d'une goinfrerie écoeurante,Mike,un petit génie arrogant qui sait tout sur tout,Violet,une sportive excitée toujours en compétition avec les autres,et Veruca,une sale gosse de riches aux exigences impérieuses et incessantes.Tous se montrent impolis,irrespectueux et avides de remporter la récompense finale promise par le maître des lieux.Bien sûr il s'agit là d'une leçon de morale assez classique qui énumère les écarts comportementaux qui guettent les gosses mal élevés et les retours de bâton qu'ils risquent,alors que le discret et gentil Charlie,totalement dévoué aux siens,évitera tout châtiment et sera évidemment le vainqueur final.Plutôt convenue également est l'opposition entre pauvres sympas et solidaires et riches qui sont systématiquement des pourris et des névrosés.Plus complexe et insaisissable est le personnage de Willy,dont la cruauté larvée et l'excentricité inquiétante ont leurs origines dans une enfance difficile qu'on découvre progressivement au fil de flashbacks morcelés.Mais il obtiendra grâce à Charlie sa rédemption,comprenant in fine la valeur des relations familiales.Johnny Depp,l'acteur fétiche de Burton,fait un numéro monstrueux en donnant vie à ce type à la fois génial,infantile et extraverti,son personnage étant proche de celui du Chapelier Fou qu'il incarnera cinq ans plus tard dans le "Alice au Pays des Merveilles" du même Burton,dont l'univers visuel est du reste voisin de celui de "Charlie".Le jeune Freddie Highmore,bien dirigé et investi d'un rôle de garçon modeste,est excellent comme il ne le sera plus dans ses rôles ultérieurs.Les horribles moujingues insupportables sont interprétés par les fantastiques Jordan Fry,Julia Winter,AnnaSophia Robb et Philip Wiegratz,plus ignobles les uns que les autres.Les comédiens complémentaires sont aussi très bons,notamment la sexy Missi Pyle,le distingué James Fox,Helena Bonham Carter,à l'époque épouse de Burton et le grand Christopher Lee qui a souvent tourné pour le réalisateur.Et puis bien sûr il y a le nain indien Deep Roy,extraordinaire acteur dupliqué à l'infini car jouant à lui seul tous les Oompa Loompas.

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le 4 janv. 2022

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