1918, un siècle d’âge déjà pour ce spectacle gestuel de 45’, intégré à la série de films courts de Charlot des années 10, annonciateur des premiers longs métrages des années 20, de l’excellent et polyvalent Charles Chaplin, ici acteur réalisateur producteur scénariste musicien monteur, épaulé par quelques copains et son demi-frère. Evidemment muet, ce spectacle de mimes, pirouettes, acrobaties, déguisements, quiproquos, gags et victoires fantasmées fera valser Charlot dans les élucubrations de la vie des soldats dans les tranchées de la Grande Guerre, les missions saugrenues derrière les lignes ennemies, l’extravagant sauvetage d’une villageoise Française ou l’esbroufe faite au Kaiser lui-même. Ce véritable orchestre d’expressions corporelles comiques et burlesques à lui tout seul, précurseur d’un cinéma encore en gestation, s’accompagne déjà de l’omniprésente toile de fond de Chaplin dénonçant le chagrin, la douleur, la misère, la guerre, légalisés et affligés aux soldats comme aux civils, et pour le bonhomme et l’époque, si limités techniquement, on dispose là d’une belle petite œuvre.