Sacré pari à l'époque que "Shoulder Arms". Il s'agissait de l'un des premiers (le premier ?) films utilisant la guerre comme base pour une comédie. Qui plus est, on parle de la boucherie que constituait la Grande Guerre. Et en sus, alors que celle-ci était encore en cours !
Cerise sur le gâteau, des critiques reprochaient à Charlie Chaplin de ne pas s'être enrôlé dans le conflit, et de continuer confortablement sa carrière d'acteur. L'acteur se défendra en disant s'être enregistré aux USA et au Royaume-Uni pour être appelé comme volontaire, sans effet.
Cela ne nuisait en tout cas aucunement à sa popularité auprès des soldats. Et cela n'empêcha pas "Shoulder Arms" d'être un succès.
Vu d'aujourd'hui, j'ai du mal à croire que la censure a laissé passé le film tel quel. Si la bonne humeur est de mise, Chaplin montre sans grand fard les conditions de vie des tranchées à travers cette succession de scénettes. Telles que les abris inondés, la peur des bombardements, les tireurs d'élite embusqués en permanence.
Mais il tourne tout cela en dérision, se permettant nombres de gags burlesques sur l'armée en général ou la vie des tranchés (un fromage malodorant vient à servir d'artillerie toxique !). Sur 37 minutes, "Shoulder Arms" est ainsi un moyen-métrage mené tambour battant, qui n'ennuie aucunement.