Chasseur blanc, cœur noir par BlueKey
Après Bird, Eastwood semble encore vouloir se racheter des accusations de racisme qui ont pesé sur lui avec la série des Dirty Harry, en donnant un peu d'humanité à son personnage de "tough guy" qu'il incarne aux yeux du public.
S'agissant en premier lieu d'une extrapolation sur le tournage d'African Queen dirigé par John Huston, le film est l'occasion d'offrir une mise en abîme du 7° art et du mythe hollywoodien : sous d'autres noms, on croise les équivalents de Katharine Hepburn, Humphrey Bogart, Lauren Bacall et bien évidemment John Huston, renommé John Wilson, sous les traits de Clint Eastwood.
Cette chasse à l'éléphant à laquelle Wilson tient tant à coeur se transforme en parabole du courage artistique : c'est oser faire le film qu'il veut, sans écouter les créanciers ni le public. Parabole sur la tolérance également. Le pessimiste Wilson accepte d'octroyer une fin heureuse à son film une fois qu'il a découvert l'humain comme il l'imagine en Afrique.
Là encore, comme dans les épisodes de l'Inspecteur Harry, Eastwood endosse le rôle de "justicier", mais justicier de la morale : dans la même scène, il insulte grossièrement la femme pro-nazi puis castagne solidement un homme qui traite un serveur Africain comme un animal. Néanmoins, on reste dans un film mineur du cinéaste, car inégal et moins aboutit que la décade prodigieuse qui suivra à partir d'Impitoyable. En témoignent les scènes du bateau ou de l'éléphant (avant-dernière scène), dont la mise en scène subjective et tremblée contraste maladroitement avec la rigueur classique du reste du film. Regardable quand même, mais très convenu.