L'odyssée de l'African Queen
John Wilson est un homme impossible !
Egoïste, il est intransigeant. Il se fixe un but et rien ne peut le faire dévier de sa route ; rien ne compte que son but et tout obstacle gênant il le balaie de son chemin sans aucune considération pour autrui ou les conséquences.
Ce film est un hommage à un des maîtres du cinéma américain.
John Wilson est l'alter ego de John Huston et Eastwood prend le prétexte de raconter le tournage de L'African Queen pour prendre du recul sur le système hollywoodien et avec un humour salvateur et une autodérision qui fait plaisir se plait à se moquer de lui-même, de son milieu et de ses semblables.
Il filme une fois de plus la nature avec magnificence mais donne un sens à la beauté des images qu'il nous donne à voir.
D'abord le choix des costumes : mon dieu qu'il est ridicule en pseudo châtelain qui est fier de son mauvais goût puisque il a les moyens de l'assumer : "Tu as vu le salon ? C'est la chose la plus laide que j'ai jamais vue. J'adore !"
Ce personnage interprété par Eastwood lui-même est confronté à deux conceptions différentes voire opposées de l'art cinématographique. D'un côté la vision d'un artiste talentueux et exigeant qui refuse les compromis et cherche à faire une œuvre de qualité en se moquant du succès et de l'autre une conception du cinéma "industrie économique " qui veut que les films soient pensés pour le public et qui doit être rentable quitte à passer outre certaines qualités. Cette dualité, bien exprimée ici prouve que ce problème que semblent découvrir Lucas et Spielberg ne date pas d'aujourd'hui.
Où placer son intégrité artistique quand on évolue dans un univers gangréné ?
Autre thème du film et non des moindres : La colonisation.
Dans quelle mesure le continent africain doit être exploité (ressources naturelles aussi bien qu'humaines) et l'infériorité de fait des indigènes soumis à l'homme blanc.
Le tout étant bien évidemment à remettre dans le contexte des années 50' époque à laquelle se déroule le film.
"Vous êtes, Madame, la plus horrible de toutes les salopes avec lesquelles il m'ait été de dîner. Encore un peu de champagne, très chère ?'
Un très bon moment pour un film qui n'a rien d'anodin.