Chat, c'est Paris est le premier long métrage d’animation produit par Warner Bros. Pictures, sorti en 1962, sous la bannière de Warner Bros. Cartoons. Le film, qui raconte le voyage à Paris d’une chatte de la campagne, à la particularité de compter sur la participation de la célèbre Judy Garland.
La plus belle qualité du film est son esthétique originale, qui se détourne largement du modèle standardisé par Walt Disney, grâce à une approche qui privilégie le style impressionniste, voire même du pointillisme, cher à Vincent Van Gogh. Les décors du film sont une déclaration d’amour aux beaux-arts, et plus particulièrement aux grands maîtres de la peinture, instaurant une ambiance romanesque distinctive, moderne et particulièrement expérimentale à cette époque. Les couleurs sont envoûtantes. On a parfois l’impression d’être pris dans un tourbillon kaléidoscopique, grâce notamment à des effets visuels charmants.
Pour ce qui est de l’histoire, l’idée de base des chocs culturels (la chatte de la campagne qui souhaite devenir une chatte de la ville) est intéressante. Les personnages sont plutôt bien définis, avec une évolution appréciable tout le long de l’histoire.
Le contexte manque cruellement de réalisme. Les chats anthropomorphes sont dans un premier temps les animaux de compagnies des hommes, vivants d'une manière domestiqués, puis l'instant d'après ils deviennent des individus tout à fait autonomes vivant dans leurs propres maisons. Et on ne parle même pas de leurs emploies ou encore de leurs rapports à l'argent... En réalité, les auteurs semblent n'avoir jamais tranché la question de l'harmonie et de la logique dans cette histoire. Un flottement contextuel qui relève davantage du bâclage créatif que d'une maladresse.
Les dialogues ne sont malheureusement pas très inspirés, pires encore, les chansons portées par Judy Garland, qui étaient censées apporter tout le piquant et la grâce au film, ressemblent davantage à des intermèdes du fait qu’elles sont très mal intégrés à l’intrigue. Elles dénotent d’autant plus qu’elles n’ont pas bénéficié de leurs équivalents chantés en français lors du doublage. Un véritable gâchis, surtout lorsque l’on sait que l’œuvre s’adresse tout particulièrement aux enfants (et, on ne va pas se mentir, les petits Français des années 60 étaient loin d’être bilingue, et ils ont du beaucoup s'ennuyer lors de ses séquences).
Si les personnages ont de véritables personnalités, leurs visuels est parfois brouillon. Ils nous apparaissent tout droit sortis de cartoons (par ailleurs, ils se déplacent quasiment toujours de profil), et en cela, ils peinent à nous intéresser et à nous toucher véritablement jusqu’à la fin du spectacle.
Tous les autres aspects de la production se distinguent par leurs banalités. Cette pseudo-romance manque clairement d’émotion. L’action est monotone. L’humour est inefficace. Le rythme est lent. Le format nous parait long en dépit de ses 85 minutes. On s’ennuie parfois.
L’œuvre n’a pas trouvé son public, malgré le fait qu’elle proposait un nouveau regard sur le cinéma d’animation, grâce à une alternative aux films Disney. Depuis notre époque, nous pourrons l’apprécier pour ses couleurs, ses décors inspirés, et même ses leçons de beaux-arts vulgarisés, mais le résultat, en substance, ne parviendra pas à nous convaincre pleinement.
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