La première chose qui me vient à l'esprit en voyant le générique apparaître, c'est la formule de ce polisson de Sade "Tout est bon quand il est excessif". Malheureusement, et une fois encore, notre bourreau se trompe, et ce malgré ma note qui semble dire le contraire.
Soyons clair comme la teinture de Madonna : Cheap Thrills est un amas de sadisme enrobé dans le désespoir de désinsertion. Le sadisme ? Ce couple immoral. La désinsertion ? Ces deux pauvres types lentement mis à l'écart de leur société, prêts à tout pour la retrouver. Là, le film fait très fort et nous pose des questions morales qui vont plus loin que ce qu'il n'y paraît. En plus, le film prend soin de nous tartiner humblement tout cela sans trop en faire non plus ; merci à lui.
Evidemment, l'enjeu premier, c'est le fric. Pour combien vais-je chier dans la maison du voisin ? Plus poussé encore (si j'ose), Jusqu'à combien baisserais-je le prix pour me couper un doigt ? Mais qu'est-ce que ce pognon ? D'une part le besoin d'un individu à retrouver sa place dans la société, de l'autre, le besoin de ne pas la quitter. Dès lors, c'est une magnifique démonstration de destruction de toute morale dans le seul but de faire partie du Léviathan de Hobbes (qui, lui, ne s'est pas tranché un doigt pour écrire tout ça).
Bref, ça va loin et au final on peut se taper une bonne partie de branlette intellectuelle mais inutile avec la demi-molle que se contentera de nous offrir le film. Si l'ensemble peut être interprété comme une jolie démonstration (conclue d'ailleurs avec un absurde que je ne peux qu'admirer), la forme me laisse froid.
Les choix esthétiques auraient pu chercher à déranger, à l'instar du propos. Malheureusement on se retrouve avec une réalisation conventionnel pour un film qui ne voulait définitivement pas l'être. On se retrouve le cul entre deux chaise à se demander quelles étaient vraiment les ambitions du réal : une réelle critique ou un simple film trash ? Je finis par penser que lui-même tanguait pas mal.
Oui parce que par moment, l'image est aussi assez trash. Malheureusement l'ambiance ne s'y prête pas des masses et le trash sur écran éclabousse un peu le propos. On aurait gagné à coup sûr à plus de pudeur de ce côté. Imaginons un instant le film sans la vision du doigt qui pendouille encore etc. On aurait eu un film qui aurait retenu l'attention pour ses propos. Les défis eux-même auraient été sans doute plus intéressants (chier dans le salon du voisin, sérieusement...) et tout ceci aurait pu donner lieu à des dialogues beaucoup moins superficiels ! Malheureusement, c'est de loin le cas avec Cheap Thrills.
Mais on est pas là pour refaire le film qui reste un bon sujet de réflexion malgré le côté trash, ou un bon divertissement malgré son côté moralisateur ; à vous de voir où vous vous situez. J'ai monté le film d'une étoile pour son plan final parce que quand même... ça te claque à la gueule par tatanes en lot de 12.