J'ai naturellement du mal avec les molles explorations de la noblesse d'où il faut retirer (ou bien d'où il faut que le film lui-même retire) une épaisse couche de faux semblants afin d'accéder aux sentiments collectifs et réfrénés qui - ô surprise qui n'en est pas du tout une - étaient là depuis le début. Or le travail de Frears, plus qu'à en révéler le potentiel par l'image, a consisté à épaissir encore cinématographiquement ce voile invisible.
Faisant rimer mondanité avec ennui de manière effrontément assumée, le film surcharge son histoire de fausses pistes dans l'espoir d'augmenter l'impact d'une conclusion voulue déchirante, mais qui n'en est pas moins le point final à une alignée monocorde d'actes de bassesse attendus chez les hautes classes. Les sourires de politesse de Pfeiffer et les émotions multiples et contenues qu'elle provoque chez autrui auraient pu être le pinacle microexpressif et psychologique d'une jolie étude si un soin plus en douceur y avait été apporté ; mais ils traduisent plutôt l'incapacité de l'intellect bourgeois à l'autocritique, et la fausse douleur circulaire que cela lui cause de ne savoir se contempler lui-même.
Peut-être ce cercle se révèle-t-il mieux spiralé dans le roman ; en l'état cependant, Chéri ne s'élève pas au-dessus de son statut de modeste tentative francophile de voyager dans la littérature.
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