Sorti directement en vidéo, le dernier volet de la franchise à taille variable des “Chérie...” n’est pas resté dans les mémoires.
Après l’agrandissement du bébé dans le deuxième, la licence boucle avec le premier, même si cette fois ce sont les parents qui sont rétrécis. Le film rattache tout de même assez lâchement les cordages aux précédents, les deux ainés de la famille ayant disparu, il ne reste qu’Adam le petit dernier, la maison n’a plus le bric-à-brac technologique des précédents, mais la machine à rétrécir/agrandir dans le grenier est toujours là. Les parents Szalinski sont bien présents, mais ont évolué. Le fantasque papa poule/inventeur génial Wayne est un peu dépassé dans son rôle de président de la compagnie, tandis que sa femme est devenue une ménagère aigrie et frustrée, un rôle un peu surprenant dans une telle production Disney. Un autre couple est présent, composé du frère de Wayne et de sa femme, un bonhomme bien en chair plus jovial et une femme tout aussi sympathique, bien qu’un peu trop protectrice envers ses deux enfants.
Ce sont donc ces quatre personnes qui vont être rétrécies, sous un prétexte un peu facile et des enchainements un peu trop simplistes, tandis que les cousins Szalinski vont croire avoir la maison rien que pour eux. Quand les parents ne sont pas là, les enfants dansent.
L’ADN de la série est conservé, malgré quelques ajustements. Les grandes étapes du scénario visent à divertir, et le film réussit malgré tout à épater son public lors de certains moments. Les décors construits à d’autres échelles sont plus rares, les effets spéciaux numériques sont plus présents, et cela se voit parfois avec quelques incrustations un peu trop visibles, des contours beaucoup trop flous. Il n’y a ainsi plus la même force d’émerveillement avec des acteurs devant des fonds verts.
Mais certaines scènes assurent le spectacle, jouant avec plaisir sur les différences d’échelle. De plus, si le premier se passait principalement dans le jardin, celui-ci se déroule dans l’intérieur de la maison, offrant de quoi s’amuser avec les objets du quotidien (mais offre aussi au film de belles vitrines pour du placement de produit pas très riquiqui). Un périple en petites voitures assurera une bonne dose d’émotions fortes, tandis qu’une plongée dans un bol de crème à l’oignon rappellera une scène du premier, et elle est tout aussi réussie.
Les personnages ne sont guère étoffés, mais malgré une certaine réserve des débuts, accompagner ces adultes rétrécis retrouver une seconde jeunesse est assez plaisant. De l’autre côté, ce sont les enfants qui veulent faire les “grands” que le scénario utilise, avec toutefois moins de force. Il y a néanmoins une petite leçon de morale sur le consentement après un baiser volé qui surprend dans un film Disney mais qu’il faut saluer. Le jeu des acteurs fluctue, et pour les adultes s’il est un peu faible au début, la faute peut-être à des rôles moins bien écrits, leur passage en miniature va leur faire du bien. Rick Moranis est le seul membre du cast des précédents à revenir, ce sera d’ailleurs son dernier rôle au cinéma. Les acteurs enfants et adolescents sont moins crédibles, même s’il est assez amusant d’y croiser Allison Mack ou Mila Kunis dans l’un de ses premiers rôles.
Dean Cundey est à la réalisation de ce troisième film. Il s’agit de son seul et unique film. Mais il est avant tout un directeur de la photographie, qui a notamment régulièrement travaillé avec John Carpenter ou Robert Zemeckis, mais aussi pour Joe Dante, Joel Schumacher ou Steven Spielberg. Cette expérience explique peut-être une direction d’acteurs un peu chancelante, tandis que le film se montre plus appréciable dans ses moments de pur divertissement. La réalisation est cependant parfois banale, à l’image des débuts et de ses plans de caméra mollassons, mais d’autres scènes démontreront une envie certaine d’épater le lecteur.
Il est donc dommage que le film souffle ainsi le chaud et le froid. La qualité est à la baisse, ce troisième volet ne peut pas rivaliser avec la réussite du premier. Les quelques efforts suffisent à ne pas regretter le visionnage, et un public enfant verra moins les quelques problèmes.
Bonus : L'idée des parents rapetissés rappelle le mauvais copieur Earth Minus Zero, rebaptisé Maman, j’ai rétréci Papa. Sorti en 1996, c’est un beau nanar improbable et très mal fait avec Sam Jones, Marcia Strassman (la mère de Chèrie, j’ai rétréci les gosses et de la suite qui joue ici le même rôle de la maman !) et Pat Morita. Je vous le conseille.