Aux temps de la chevalerie, combattre en tournoi singulier demeure l’apanage des hommes de noble lignée. Quelque part en Europe, William Thatcher (Heath Ledger), un jeune écuyer brave et ambitieux - par un concours de circonstance mortel - usurpe l’identité de son maître pour s’en aller défier les plus grands jouteurs du pays. Très vite, sa réputation dépasse de loin ses capacités à entretenir ses nombreux mensonges… Brian Helgeland (“Payback”) y va de sa touche anachronique perso et cela fonctionne parfaitement. A l’instar de “Marie-Antoinette” de Sofia Coppola ou encore “Roméo & Juliette” de Baz Luhrmann qui glissaient du disco, de l'électro et autres musiques modernes au coeur de films à consonances historiques, “Chevalier” se permet une playlist rock'n'roll - “Queen approuve”, mais pas seulement, on y retrouve entre autres, Bowie et Clapton - pour rythmer les combats époustouflants de ses joutes échevelées, le film restituant parfaitement la violence de l’époque et de ce sport tiré de l’art de la guerre. Depuis, seul Ridley Scott avec “Le Dernier Duel” a su montrer tout le potentiel graphique de cette discipline moyenâgeuse, de loisir ou judiciaire. Drôle, décalé et bourré d’action, ce long-métrage hors du commun et hors du temps, trouve ses marques dès son prologue. On prend un réel plaisir à suivre William (Heath Ledger), fier-à-bras au panache si grand qu’il parvient à balayer les préjugés et les castes en devenant l’énigmatique Ulrich Von Liechstentein. Peinture au vitriol d’un monde oisif et bardé de privilèges qui ne vit que pour assouvir son sport (on se croirait au XXIe siècle avec les JO de notre cher président.), l’ensemble est purement jubilatoire. Heath Ledger mouille l’armure comme personne et une fois encore, le futur “Joker” de Nolan illumine le film de son charisme, mais c’est sans compter sur ses compagnons d’infortune ou plutôt de fortune. Mark Addy (“The Full Monty”), Alan Tudyk (“Tucker & Dale”) et Paul Bettany (“Master and Commander”) forment un trio détonnant, autant dans les postures que dans les dialogues (la VO est absolument grandiose.). En antagoniste aussi cruel que vicelard, Rufus Sewell (“Dark City”) nous montre l'étendue de son - trop mésestimé - talent d’acteur. Toute cette testostérone se verra tempérée par la Française Bérénice Bejo (cocorico) et l’Hawaïenne Shannyn Sossamon, deux excellentes actrices qui se portent caution féminine de ce tournoi endiablé ! Ah oui, j'oubliais, qui dit noble lignée, dit forcément “Prince” et il est ici interprété par James Purefoy qui tient le rôle de Sir Thomas Colville alias “Édouard le prince noir”. Tout un programme. Allez tous en selle !