Lors de la guerre de Sécession, en 1861, deux amis d'enfance intègrent le camp des Sudistes ; plus exactement, ils vont devenir des Bushwackers, des soldats isolés qui vont agir tel des guérilleros. Le conflit s'éternise, et les deux jeunes hommes vont être isolés par l'hiver où ils seront en compagnie d'une femme et de deux autres personnes, dont un ancien esclave.
Chevauchée avec le diable est peut-être le film le plus méconnu de Ang Lee. Massacré par le studio, qui a acheté le projet uniquement sur la base du titre original (!), et qui l'a enterré aussi sec, à tel point qu'il sortira en France 18 mois plus tard, grâce au triomphe de Tigre & Dragon (pourtant tourné après et qui est sorti avant en salles), il faudra attendre 2010 et un Director's cut du réalisateur lors de sa sortie chez Criterion pour qu'on puisse enfin voir la vision originelle. Parce que là, j'avoue qu'entre les baisses de rythme, l'histoire qui semble parfois décousue, j'avoue avoir décroché un peu.
Et pourtant, il y a de belles choses dans cette amitié entre Tobey Maguire et Skeet Ulrich au sein de la guerre, dont on peut dire que les scènes sont peu spectaculaires ; c'est plus de l'ordre de la tactique, avec parfois des batailles en pleine forêt, mais le peu qu'on voit est bien réalisé. Mais le point fort du film est sans nul doute ses personnages, dont le plus intéressant est sans nul doute Jeffrey Wright qui joue un ancien esclave, et qui est désormais affranchi de son maitre joué par Simon Baker. Quant à la seule femme, elle est incarnée par la chanteuse Jewel et a aussi son importance, car au fond, Ang Lee fait le pari d'en faire un spectacle plus intimiste que vraiment guerrier, jusqu'à une conclusion qui pourrait être un miroir de notre époque, avec une émancipation possible.
En l'état, difficile de juger d'un film où Universal y a mis ses sales pattes, mais ce qu'on en perçoit, notamment dans le personnage de Jeffrey Wright, celui qui intéresse le plus Ang Lee de par sa présence, a l'air prometteur. Mais au moins, on ne peut reprocher à ce dernier de se reposer sur ses lauriers...