Après réflexion, je rejoins mon comparse Hypérion pour dire que Chicago n'est pas vraiment une comédie musicale au sens strict du terme. En effet, je le jugerai plutôt de « film musical » étant donné qu'il n'y a pas de scènes de la vie courante dans lesquelles le chant et la danse viendraient soudainement remplacer un dialogue classique. Tel que l'on peut le voir dans West Side Story ou encore Les Chansons d'amour par exemple.
Chicago traite plutôt d'un univers, celui du cabaret, et les numéros musicaux viennent s'inscrire dans l'histoire en transposant sur une scène des scènes de la vie courante. Il est en cela assez proche de sa version scénique que j'ai eu la chance de voir à Londres il y a deux ans.
La superposition de ces scènes chantées et dansées au sein de l'histoire est pour moi admirable et le ping-pong entre cabaret et vie réelle est parfaitement maîtrisé. De toute façon, je pense que je dirai assez peu de mal de ce film que j'affectionne particulièrement, et je pense que je n'aurais pas assez de qualificatifs dans mon dictionnaire.
Ce film est léger, oui, mais possède un vrai scénario, avec des personnages à la fois horripilants, touchants et jouissifs. La toile de fond de ce Chicago des années 20 donne lieu à de très beaux costumes et une ambiance particulièrement survoltée et libérée. L'immoralité totale de l'histoire, basée sur le fait que le public et les journalistes peuvent placer au rang de stars des femmes qui tuent amants et maris juste parce qu'elles ont un joli minois, est absolument jubilatoire. Personnifiée par le personnage de Billy Flynn joué par Richard Gere, avocat véreux et sûr de son « razzle dazzle ». L'acteur semble s'éclater et cabotine avec joie, ce qui rend ses numéros musicaux particulièrement savoureux.
Le reste du casting n'est pas en reste, Catherine Zeta-Jones en tête qui me fait le même effet dans ce film que peut le faire Liza Minelli en Sally Bowles dans Cabaret, représentant pour moi un idéal féminin inaccessible. Une femme a la fois fatale, talentueuse et magnifique. En face d'elle, Renée Zellweger ne donne pas sa part au chien. Bien sûr, la comparaison est difficile entre les deux actrices, tant Zeta-Jones bouffe tout sur son passage, mais le personnage de Roxie-Renée Hart colle parfaitement à l'actrice qui donne son maximum pour paraître à la fois simplette et glamour.
Je terminerai ce paragraphe sur l'inégalable John C. Reilly qui campe ici le rôle ingrat de Amos, le mari floué et fidèle, qui me tire une larmichette à chaque fois avec son Mister Cellophane poussiéreux et pathétique.
Chicago est donc pour moi une comédie ébouriffante, jalonnée de numéro musicaux plus excellents les uns que les autres. L'enchaînement des scènes et le rythme général est en ne peut plus agréable. Pas de temps mort entre flash, paillettes et plumes colorées.
Admirable, maîtrisé, jouissif, survolté, ébouriffant, finalement mon dictionnaire a su trouver les mots justes...