Le 22 janvier 2019 sera annoncé les choix des finalistes du film canadien qui fera la course dans la catégorie meilleur film en langue étrangère aux Oscars. Parmis les cinq films qui ont été sélectionnés par Télérama Canada, on y trouve Chien de Garde, le premier long-métrage de la réalisatrice québécoise Sophie Dupuis.
Bien que le récit reste simple et que certains lui trouveront des airs de déjà vu, en outre dans la relation que Steve entretient avec sa mère dans Mommy de Xavier Dolan, ou encore dans la carrière criminelle qui unit Manolo à son frère Mirko dans le dernier film de Damiano et Fabio d'Innocenzo, sorti d'ailleurs la même semaine, peu de choses sont à reprocher à ce premier film ; si ce n'est des derniers plans de trop qui n'apportent pas grand chose au récit, sans oublier les airs de violons et piano qui ne font qu'alourdir l'ambiance déjà suffisamment rendue mélodramatique par les effets de ralenti. En somme, une mise en scène un peu clichée qui mériterait plus de finesse.
En ce qui concerne l'histoire du film, le chien de garde en question est JP, l'aîné de la fratrie. Avec lui, dans un petit appartement de Montréal, vivent sa mère Joe, ancienne alcoolique à la sobriété fragile, et son frère Vincent, inconscient du mal que leur cause son oncle Dany. Alors qu'entre chambre et cuisine tout menace d'exploser, et touché par les inquiétudes de sa petite amie quant à la violence permanente qui règne dans ce foyer familial, JP se sent pousser à faire un choix : rester fidèle à sa famille ou fuir ce déterminisme social dont il a du mal à se détacher.
Dans cette belle palette de personnages, dont nous découvrons au fur et à mesure forces et faiblesses respectives, il semble impossible de ne pas relever la justesse avec laquelle incarne Théodore Pellerin le rôle électrifiant de Vincent. Alors que son personnage risque de frôler par instant le ridicule, passant de l'être hystérique et immoral à un hyper sensible affectueux, Théodore Pellerin parvient à lui conférer cet aspect fascinant et touchant, en outre par des répliques justes et poignantes. Le spectateur est captivé par la dynamique du film entretenu par ce personnage, le rendant tour à tour intimiste, sensible et violent.
Si ce film peut facilement nous rappeler l'hypnotique descente en enfers de Nick et son frère Connie dans Good Time ou celle de James White avec sa mère cancéreuse dont il se doit de prendre soin malgré son rêve d'une vie meilleure, Sophie Dupuis fait partie de ces cinéastes n'ayant aucun mal à saisir à l'écran des scènes intimes de vie familiale. Le spectateur se trouve emprisonné dans un cadre serré et vit avec les personnages des moments de crises familiales, de chantages affectifs, de manque d'indépendance d'un fils vis à vis de sa mère et d'addictions.