«La folie ne s'explique pas, elle se ressent.»
Toujours une gageure que de retranscrire à l'écran les romans de Cormac McCarthy qui ne brillent guère de par la jovialité de leur sujet. Après le magistral "No Country for Old Men" et le très honnête "La Route", pour les plus connus, c'est donc cette fois James Franco qui s'y colle et nous offre un film d'une excellente qualité technique et d'une beauté formelle indéniable.
Une photographie très travaillée, à défaut d'être chaleureuse mais là n'est pas le propos, puisqu'elle se veut d'une certaine froideur autant pour bien restituer les hivers enneigés de l'État de Virginie que pour son atmosphère intrinsèque car le film, en plus d'être une peinture du caractère revêche et inhospitalier de l'Amérique profonde, nous fait suivre l'itinéraire peu réjouissant et chaotique d'un individu sauvage et défavorisé.
Le plus passionnant est là : voir "évoluer" cet homme, aux prises avec la nature, vers de plus en plus de dénuement, d'incompréhension, de solitude et de folie.
Principe appuyé par une interprétation phénoménale de Scott Haze nous faisant passer par une gamme de sentiments plutôt malsains mais en sachant bien jauger ses attitudes, de manière à ne pas sombrer dans l'excès, et parvenant a conserver à son personnage, qu'il habite totalement, une part d'humanité touchante malgré ses aspects inquiétants, ses fureurs et son inexorable descente en son enfer personnel.
Un traitement réaliste, sans trop de complaisance et très talentueux de james Franco à qui on ne peut que souhaiter, avec ce film admirable au sujet délicat d'enfin rentrer dans la catégorie des réalisateurs audacieux de demain, lui qui est déjà un des acteurs les plus doués de sa génération.
Un bon 8 pour cette réalisation à laquelle j'aurais bien généreusement accordé un 9 pour le plaisir que j'y ai pris, étant un adepte des films de tordus, s'il n'y avait des effets de transition un peu répétitifs, une espèce de faux rythme et certaines séquences résolument extrêmes propres à choquer un certain nombre de spectateurs non avertis.