C'est celui qui a le fusil qui a raison...
Un film que j'aime rappeler régulièrement à mon bon souvenir pour la trace indélébile qu'il a laissée en moi et que, bien que n'aimant guère employer des termes dithyrambiques, je qualifierais de petite perle.
Avec cette qualité première de n'être pas un film de guerre type, comme on nous les sert souvent aujourd'hui avec les méchants d'un côté et les gentils de l'autre qui font feu de tout bois... non; il est plus que cela.
Principalement, un pamphlet sur la guerre civile yougoslave (qui était inévitable tant les haines entre ethnies étaient profondes) qui laisse deviner, par des dialogues amusants, une situation si complexe que les militaires de chaque camp ne savaient pas vraiment ni où tout cela les menait ni la raison précise du déclenchement des hostilités.
Un regard compassionnel aussi sur ce qui est un des plus beaux pays du monde (après la France, bien sûr) et qui était des plus paisibles avant que la folie meurtrière ne s'en empare, anéantisse son unité et en fasse, pour des années, un des points les plus chauds de la planète.
Le départ est assez simple puisqu'il s'agit d'une circonstance malencontreuse qui va faire se rencontrer deux combattants de camps opposés dans le no man's land entre les lignes serbes et bosniaques. Ce qui va occasionner un certain rapprochement entre eux (bien que dans une méfiance de tout instant) dans le but de se sortir vivants de cette zone constamment sous surveillance dans laquelle ils sont échoués. Et c'est alors dans l'enchainement en boule de neige des évènements que le film prend ensuite une bonne part de son intérêt.
Je ne peux être moins succinct sur les interactions des divers intervenants et les moyens employés pour tenter de sortir ces hommes du guêpier car cette comédie dramatique, en plus d'être pleine d'esprit et humaniste dans le fond, est si originale et émaillée de surprises par ailleurs, qu'il est bon d'en dire le moins possible à ceux qui peuvent encore avoir la chance de la découvrir aujourd'hui.
Simplement signaler qu'en étant ni moralisatrice ni démonstrative, elle réussit la prouesse de nous coller à notre siège/lit jusqu'à sa scène finale dramatiquement lourde de sens mettant en exergue, bien sûr, l'absurdité de la guerre mais aussi celle de son traitement médiatique.
Un film qui peut difficilement ne pas faire l'unanimité dans son genre et qui, a mon sens, n'est pas près de vieillir.