Les gros vilains sont de retours sur nos écrans ! Après une suite qui aura servi de reboot a la quasi-totalité de la saga mythique de John Carpenter, les producteurs tentent petit-à-petit de nous ramener ces tueurs psychopathes mythique des années 80-90 en espérant toucher un plus jeune publique en plus de ramener les fans de la première heure.
Cependant, au vu du monde qu'il y avait dans la salle je doute que cela ne fonctionne parfaitement.
Child's Play raconte à l'origine l'histoire d'un cinglé qui transpose son âme dans le corps d'une poupée pour enfant à l'aide de divers récits vaudous avant de se laisser mourir. Bien que très tirée par les cheveux la saga Chucky était devenue mythique pour le charisme de son personnage éponyme et cela malgré une multiplicité de films de plus en plus détestés et ayant voulus s'embarquer dans un système de comédies d'horreur assumées et franchement assez drôles par moment.
Mais alors quand j'ai vu la bande annonce d'un réel reboot de cette saga que j'apprécie tout particulièrement je me suis demandé ce qu'ils allaient faire. Continuer dans la comédie d'horreur ? Reprendre de 0 en essayant de rendre le personnage de Chucky de nouveau effrayant ?
Quelque chose de complètement nouveau ?
Et bien... Disons que le film innove par rapport à la saga originel mais dénature beaucoup trop l'idée de base pour que l'on puisse réellement avoir a faire à un Child's Play digne de ce nom.
Içi pas question de vaudou, pas question de surnaturel ni de personnalité non. Içi Chucky n'est rien d'autre qu'une poupée robotisée intelligente censée être gentille mais qu'un employé vietnamien exploité va volontairement rendre dangereuse.
Ce changement pouvant paraître anodin et sans répercussions sur l'histoire est en réalité un sacré auto-sabotage de la part du film car se privant de ce charisme et cette volonté de faire du mal, ce côté très psychopathe de Chucky qu'avaient les premiers films. Un Chucky ne désirant pas l'être, un Chucky cinglé, incompréhensible, malade.
Child's Play nous propose un film sur les dangers de la robotisation de notre société et mettant face aux risques que prennent les humains à créer des robots toujours plus intelligents. Ainsi le film porte mal son nom, a défaut d'etre un long épisode de Black Mirror, il n'aurait pas dû s'appeler "la poupée du mal" mais "le robot qui bug" parce que c'est ça le reboot de Child's Play, c'est la saga originale SANS Chucky.
Passé cette observation, nous ne pouvons que souligner que le réalisateur n'a pas laissé sa caméra seule durant le tournage, il y a de beaux plans, bien filmés, Chucky parvient souvent a nous surprendre, nous faire sursauté et le suspense est parfaitement géré rendant certaines scènes vraiment stressante et tout ça est servi par un travail sur la lumière non négligeable ce qui sert donc un univers sombre et fermé nous mettant a la place de l'enfant principal, enfermé dans son secret.
Je dois également avouer que ce système de robotisation de Chucky sert un point dans le film : on est attachés a cette poupée, elle nous est apparue sympathique, rigolote, touchante, innocente. Elle tue par ignorance (pas sur la fin du film bien sûr) et possède une raison de tuer malgré tout.
On peut souligner ce parallèle évident entre Chucky et son propriétaire, ils sont seuls et complémentaires, Chucky apporte affection et reçoit connaissance. Cette complémentarité aide à l'attachement et crée un vrai sentiment de confiance envers la poupée, la rendant presque humaine. Et on en vient à ne pas vouloir ces personnages secondaires arrivant et mettant Chucky à l'écart. Cela sert évidemment ce propos de sur-robotisation de la société. On éprouve donc énormément d'empathie envers cette poupée jusqu'aux 3/4 du film parceque oui, le film prend son temps et est plutôt lent. Ça m'est d'abord apparu comme un défaut mais en réalité il nous offre des meurtres très gores et satisfaisant car le film tue ses personnages les plus insupportable et donc on se retrouve à attendre ce moment, impatiemment, ce qui, au final, rend le moment plus appréciable.
C'est également un reproche que j'ai à faire au film, il ne prend pas énormément de risques en terme de narration, ne tuant que ses personnages les plus détestables, il ne prend jamais le risque de tuer des personnages attachants, enfin si mais jamais réellement proches du spectateur, les amis de l'enfant, la mère peut-être ? Il aurait été apprécié de prendre plus de risques et d'être plus surpris, j'aurais aimé sortir de la salle avec cette boule dans le ventre.
À part ça le film n'a rien de marquant, la musique n'est pas présente du tout, les acteurs sont bons et arrivent à nous faire croire en leur personnage.
Et on ne peut que saluer cette volonté d'inclure d'autres dangers au sein du film comme la relation beau-père/beau-fils ou encore la cruauté de l'inconnu.
Chucky est en définitif un film très anecdotique mais se permettant des libertés importantes qui peuvent autant être qualifiés de défauts que de qualités. On se retrouve alors peut-être avec un mauvais Chucky mais un film d'horreur plutôt agréable à découvrir même s'il est très prévisible. Il reste néanmoins au dessus de la masse comme the Nun, Annabelle et autres titres mainstream.