Chopper, premier long-métrage d’Andrew Dominik, raconte la vie d'un tueur en série Mark "Chopper" Read, véritable bête de foire et ennemi public "number one" en Australie dans les années 70/80 ... et le plus dingue dans tout ça, c'est qu'il existe vraiment. C’est sans doute ce qui est le plus impressionnant, c'est à dire qu'il s'agit d'un film inspiré de faits réels ou plutôt supposément "réels".
Basé sur l'autobiographie de Chopper himself, Andrew Dominik nous pond un scénario fascinant. Le film laisse tout le temps le doute planer sur la véracité des faits racontés par Chopper et mis en scène par Andrew Dominik. Le subterfuge est sacrément ingénieux, parfois les même faits sont racontés de deux façons différentes et on est jamais sûr de savoir qui dit vrai, qui dit faux. Et il fait des miracles avec un tout petit budget, car jamais on ne ressent le manque de moyens. Au contraire, le manque de moyens a semble-t-il été source de motivation pour le réalisateur. Tous les décors semblent vrais (probablement filmés sur des lieux réels et non en studio), la photographie est très belle et surtout la mise en scène est toujours inventive.
Avec son rythme décousu, le récit sur des petites frappes et le portrait d'une humanité crasseuse, Chopper me rappelle beaucoup son troisième film Cogan. Mais à l'inverse de Cogan, on trouve dans Chopper une pointe de dérision assez délicieuse. On peut aussi le comparer à Bronson de Nicolas Winding Refn, pour la description de la vie carcérale et pour la performance d'acteur Eric Bana/Tom Hardy (aka Chopper/Bronson).
Mais vous l'aurez deviné, l'atout numéro un du film, c'est Eric Bana. Il est littéralement "monstrueux" dans le rôle titre, physiquement impressionnant et limite méconnaissable (tu le peins en vert et c'est Hulk), bourru, violent ... même son changement de voix impressionne. Il donne vie à un personnage insaisissable, tantôt manipulateur, tantôt sarcastique, parfois sensible et fragile ou très violent.
Chopper est un film vraiment très intéressant et atypique, qui porte la marque de fabrique de son réalisateur Andrew Dominik, c'est à dire un film à la fois très beau et très lent. Certains vont trouver ça terriblement chiant, d'autres (comme moi) vont se focaliser sur la beauté formelle du film.