Il est assis sur le lit de sa cellule grise de 4 mètres sur 2 et regarde en se vantant de ses crimes une interview de lui dans laquelle il se vante de ses crimes, accompagné de 2 matons qui acquiescent et rigolent à tout ce qu’il fait, à tout ce qu’il dit.
C’est chopper, le criminel le plus célèbre d’Australie.
Chopper est un homme massif, couvert de tatouages, qui dégage une aura bestiale qui écrase tout le monde de sa présence et impose la crainte partout où il se trouve. Un homme arrogant, dont le moindre mot sortant de sa bouche à la dentition recouverte d’or, emmailloté dans un accent à faire pâlir un irlandais, dégouline d’une fierté nauséabonde. Un homme follement violent et violemment fou qui s’emporte, attrape, attaque, frappe, tue n’importe qui pour à peu près n’importe quoi. Un caractère qui lui permet d’être le criminel le plus célèbre d’Australie, mais aussi le criminel le plus détesté des autres criminels, le criminel qui n’a plus que des ennemies, le criminel que tout le monde veut buter. Même ses plus proches amis. Une situation qui le rend paranoïaque. Tellement paranoïaque qu’il tabasserait sa propre ombre si elle se rapprochait un peu trop près de sa poule. Maboule.
C’est une sorte de Bronson à l’Australienne pour un film qui est une sorte de Bronson à l’Australienne. Il est d’ailleurs difficile de penser que Refn n’ai pas vu et n’ai pas été influencé par ce premier film d’Andrew Dominik tant les ressemblances sont frappantes. Dans la façon de filmer ce célèbre criminel, dans le caractère de son personnage qui nous attire et nous dégoute, qui est sympathique et haïssable, dans la capacité à passer d’une violence insoutenable à un humour efficace le plus naturellement du monde, dans le jeu surfait d’un acteur génial qui se retrouve dans la réalisation parfois surfaite d’un réalisateur génial, dans l’impression grisante de se trouver face à une machine à répliques épiques, dans certaines ambiances et dans certaines situations que l’on retrouvera quasiment à l’identiques. On reconnait d’ailleurs cette image morne, pâle, presque sale, comme la prison aux murs blanchâtres grisonnants et aux barreaux en acier, comme la vie violente de Chopper, comme son esprit dérangé. Mais le réalisateur australien n’a pas encore la maitrise de son collègue danois et le rythme ne suit pas la cadence effrénée des mandales délivrée par son héros.
C’est chopper, l’auteur d’un des livres les plus vendus du pays.
Derrière ses allures de taureaux sans cervelle qui fonce dans tous ce qui ne lui revient pas, se cache un homme doté d’une profonde intelligence dans sa démence de violence. Un homme qui manipule le plus facilement du monde les personnes dont il a besoin, qui gère parfaitement son image, qui construit comme il l’entend sa propre légende. En trouvant toujours les mots qu’il faut, au moment où il le faut. En embellissant tout ce qu’il a fait, tous ce qui lui est arrivé. En utilisant son incroyable présence, son aura bestiale pour profiter au mieux de chaque situation.
Et maintenant il est assis sur le lit de sa cellule grise de quatre mètres sur deux et regarde en se vantant de ses crimes une interview de lui dans laquelle il se vante de ses crimes, accompagné de deux matons qui acquiescent et rigolent à tout ce qu’il fait, à tout ce qu’il dit.
Puis l’interview se termine, les deux matons sortent et il se retrouve seul, assis sur le lit de sa cellule grise de quatre mètres sur deux et fixe sans bouger le mur qui se trouve à 30 centimètres de lui.
C’est chopper, le criminel le plus célèbre d’Australie.
C’est chopper, l’auteur d’un des livres les plus vendus du pays.