L'histoire est simple : au départ toutes deux employées dans un bar un peu glauque de spectacle érotique, les deux héroïnes vont se faire engager dans la même boîte de compta en sachant coucher pour gravir les échelons. Au bout du chemin se trouve un libertin arrogant adepte de parties fines, qui saura les pousser à bout.
Choses secrètes est le premier volet de la trilogie de Brisseau sur le sexe... qui, pour lui, se réduit surtout aux jeunes filles, à leurs corps et à leur attitude manipulatrice avec les hommes. Au moins le film ne se cache pas derrière son petit doigt. D'abord une réflexion sur la séduction calculée, sur la quête de pouvoir et de reconnaissance, Choses secrètes devient finalement un conte cruel.
Un peu gonflant et empesé par moment, le film touche au sublime à d'autres. Si on est indulgent sur une direction d'acteur parfois peu aboutie et des scènes sexuelles "à la papa" (plus plates et moins transgressives que celles de Breillat, de Noé ou de Despentes), on appréciera vraiment des dialogues écrits, un lyrisme exaltant. et une représentation de la tyrannie sexuelle bien plus fine qu'ailleurs. Brisseau dit vouloir utiliser l'émoi sexuel comme Hitchcock a utilisé la peur dans ses films, et il peut en effet soutenir la comparaison.