Si Philippe de Broca ne comprenait pas pourquoi les producteurs français ne l'ont pas incité à réaliser des films historiques, alors que Barry Lyndon cartonnait aux Etats-Unis, c'est peut-être parce qu'il ne savait tout simplement pas réaliser autre chose que des comédies.
Très librement inspiré du roman éponyme de Honoré de Balzac, ce film historique n'est pas dénué d'ambition ni de quelques bons aspects. La période historique présentée est l'une des plus intéressantes de la riche histoire de France et les évènements survenus dans l'Ouest de la France à la fin du XIXème siècle méritent d'être pleinement étudiés.
Si on peut toujours chipoter sur des détails, le récit est très bien servi par les superbes décors naturels ou encore l'utilisation du village breton de Locronan comme lieu principal de l'intrigue, et la fidélité des costumes permet facilement de s'immerger dans l'action.
Les scènes se suivent également sans trop de pauses inutiles dans le récit, permettant d'éviter l'ennui assez facilement.
Il reste que l'œuvre de Philippe de Broca souffre de beaucoup trop nombreux défauts. Tout d'abord, l'intrigue relative au trio amoureux s'inscrit très mal dans le ton dramatique utilisé pour dépeindre la Terreur. Idem avec les interventions comiques du comte Savinien De Kerfadec (interprété par un superbe Philippe Noiret) et ses machines volantes qui apparaissent trop en décalage.
On a l'impression que Philippe de Broca n'est pas parvenu à choisir entre le film historique, la comédie et la romance, ce qui donne un rendu in fine très brouillon et tout autant indigeste.
Le réalisateur n'est pour autant pas le seul responsable de ce naufrage. Même si les comédiens ne sont pas aidés par la platitude des dialogues, seul Philippe Noiret sort du lot avec une interprétation assez juste de ce comte observateur d'un monde qui change un peu trop brutalement. Les autres sont assez médiocres, voire carrément mauvais (Sophie Marceau et Lambert Wilson sont très énervants dans leurs rôles de fanatiques révolutionnaires ; Charlotte de Turckheim et Jean-Pierre Cassel surjouent les royalistes réactionnaires).
Bref, ce film partait de plutôt bonnes intentions mais avant de se comparer à Abel Gance auprès de la presse, Philippe de Broca aurait peut-être mieux fait d'attendre quelques années, le temps de bien se faire la main en réalisant des projets moins ambitieux.