De retour dans les quartiers Nord de Marseille, un étudiant en droit va voir la guerre des gangs et son frère mourir. Il va tout arrêter pour plonger aussi dans ce trafic et le venger.
Salué lors de sa présentation à Cannes, Chouf, qui veut dire regarde en arabe, a un aspect documentaire sur la vie dans ces quartiers, où seule la brigade anti-criminalité ose fouler les pieds, où la drogue se revend sans soucis aux pieds des immeubles, mais où la mort rôde à chaque instant. C'est une des forces du film, celle d'être autant immersif, en plus de présenter une galerie de personnages hors du commun. De Reda, chef du quartier qui a comme couverture vendeur de kebabs en passant par un garçon nommé le blond parce qu'il a les cheveux décolorés, sans oublier un nain.... Le personnage principal, Sofiane, est présenté au départ comme une page vierge, qui va faire petit à petit son trou, en inculquant aux vendeurs l'art du commerce pour vendre encore plus de drogue, qu'on achète comme si on allait au supermarché, mais la vengeance reste toujours là, pourvu qu'on n'ait jamais baigné là-dedans...
Karim Dridi, dont je n'ai vu que Khamsa, a non seulement un œil de documentariste mais aussi de cinéaste, avec des plans fascinants sur ces quartiers mal famés, avec des scènes d'exécution à ciel ouvert qui font froid dans le dos, et où les cadavres sont ensuite brûlés. Tout cela fait partie d'un rituel sanglant où va plonger Sofiane, parait-il réaliste,et qui franchement froid dans le dos. On voit bien les influences du réalisateur, qui vont de L'impasse au Prophète, avec tous ces acteurs amateurs qui sont formidables de véracité, mais il met en exergue une réalité d'une grande crudité, sans jugement ni pathos.
Cette réalité va jusqu'au phrasé des jeunes, mélange de verlan et d'arabe, sans oublier le tranquille, mais on ressort de Chouf avec un moral à plat, car rien ne dit que la situation s'arrangera.
Mais du point de vue cinéma, c'est du très bon boulot, qui a l'air très documenté.