La Bretagne compte parmi les décors privilégiés du cinéma français pour raconter les réclusions bourgeoises et autres mélos gentiment intellos. Il y a des décors propices, sinon en vogues! Mais malgré cette impression de déjà-vu, Sabine Azéma donne du corps à l’absurde de son personnage Chouquette. Celle qui attend éperdument mais tragiquement la venue de son Gepetto rappelle le Godot de Beckett et les errances des deux vagabonds. Au passage, comment s’appelle le réalisateur déjà ? Patrick Godeau ? Excellent! Poursuivons. Surnaturelle, l’arrivée de Diane inteprétée par Michèle Laroque prolonge cette tradition du théâtre de l'absurde.
Les premières minutes explorent la vacuité. C’est une farce tragique en harmonie avec la mise en scène mais voilà que le petit fils de Chouquette (Antonin Brunelle-Rémy) se greffe au périple et que l’histoire se précipite dans un discours transgénérationnel, sur l’amour, l’angoisse de l’existence, la mort et la solitude. Dégénérescence des genres, plongeon vers les crises de nerfs, les confidences chuchotées, les “je t’aime” inavoués et les “au diable!” de velours. Le passé se révèle et les humeurs s'échauffent. Idéal pour contenter un public familial, là où les premières minutes prenaient une tournure plus sélective. Au milieu, quelques pirouettes amusantes mais l’aventure se révèle parfaitement conventionnelle. Ce premier long-métrage disperse néanmoins quelques curiosités d’écriture qui laisseront en définitive une impression sympathique.