Adaptation en apparence sage d'un roman de Stephen King sur une voiture hantée qui prend possession d'un adolescent nerd fragile qui l'a reconstruite, "Christine" cache quelques petites surprises.
Au niveau formel, le thème du vampirisme est bien utilisé : Arnie, l'ado, se coupe de plus en plus de ses amis, fait sa crise ado, prend un teint de plus en plus pâle, s'habille en noir, tandis que le vernis de sa Cadillac est d'un rouge de plus en plus agressif... Bon, ne nous voilons pas la face : c'est un teenage movie, fait pour être regardé d'un oeil distrait quand il passe à la télé.
Cela dit il y a quelques petits trucs marrants de ci-de là. D'abord, quand Arnie comprend que Christine est vivante et peut se régénérer, il se met face à elle, et lui dit "OK, show me". La voiture allume ses phares, puis se reconstruit assez langoureusement : une vraie scène de strip-tease. On retrouve une sexualisation similaire à la fin du film, quand Christine se fait prendre par derrière par le tractopelle des deux héros. La mort d'Arnie est, elle aussi, de toute évidence sexualisée.
Il y a aussi le gimmick du rock'n roll. C'est plus anecdotique, mais Carpenter arrive à rendre ces vieilles rengaines doo-wop des années 50-60 assez menaçantes. Le fantastique est assez discret, jusqu'à la dernière partie du film.
Bon, Carpenter ne s'est pas foulé non plus : le discours sur la voiture comme marqueur social, sur le "cruising" comme mode de vie américain, tout cela n'est pas traité sur un mode bien original. Carpenter s'en tient au scénario, en rajoutant juste quelques facéties, et en faisant étalage de sa science du cadrage et du montage. Restent quelques belles images, comme Christine enflammée de partout à la poursuite d'un gamin du lycée dont Arnie veut se venger, sur une route de campagne déserte.
Bref, sans être un chef d'oeuvre, "Christine" est un film dont Carpenter n'a pas à rougir (Oui elle était facile, je sais).