Revoir "Christine", un grand classique de notre cinéphilie post-adolescente, permet de confirmer ses points forts : mise en scène constamment magistrale d'un John Carpenter qui n'était pas encore miné par l'insuccès et la maladie, complexité des personnages bien loin des stéréotypes du film de terreur comme ceux du "film de collège", belle interprétation de Keith Gordon dans son grand rôle de l'époque, celui de l'adolescent trop doué, métamorphosé par l'amour en un noir mais flamboyant papillon. Dommage seulement que la résolution finale passe par l'habituel duel entre bien et mal, et par le spectacle tellement hollywoodien de la destruction, mais surtout que Carpenter, à la différence de De Palma avec "Carrie", littéralement frère jumeau de "Christine", ne transcende pas le matériau un tantinet "bourrin" de Stephen King en allant voir d'un peu plus près ce qu'il y a derrière toute cette jolie perversion (la voiture comme substitut du sexe, la survie du mal grâce à l'amour qu'il inspire...). [Critique écrite en 2008]