Après le glaçant The Thing, Carpenter frappe fort encore avec cette fougueuse Plymouth Fury 57, monstre de métal rutilant et maléfique à la calandre carnassière ; il filme cette intrigue sous l'angle d'une véritable histoire d'amour violente et désespérée entre une auto et le jeune garçon complexé et introverti qui lui redonne vie. Entre eux, c'est comme une fusion car tous deux sont des laissés pour compte : la Plymouth est possessive et violente, vampirisant son jeune propriétaire, et ce dernier qui est mal-aimé par son entourage, se transforme à son contact, leur relation étant à la limite de la folie. A la différence du roman de Stephen King, Carpenter gomme l'ambiguïté de la voiture pour en faire une créature possédée par le mal, et le film superpose habilement le réalisme quotidien à un authentique fantastique qui se traduit par les transformations à vue de Christine et ses actes mortels. Les séquences de "décabossage" sont très réussies pour l'époque, un plaisir visuel qu'on n'éprouve pas en lisant le livre. D'ailleurs King avouera être satisfait du résultat.
Le film souffre un peu d'un certain manque de rythme, mais l'ambiance "teen agers" qui imprégnait le livre, est sympathique, le casting est impeccable (les jeunes acteurs dont surtout Keith Gordon), le tout porté par une bande-son nostalgique, la radio de Christine crachant des standards rock and roll des années 50. Le générique du début sur fond du bruit caractéristique de ce moteur Plymouth, puis qui enchaîne avec le fameux "Bad to the Bone" de George Thorogood, met tout de suite dans l'ambiance. Techniquement, ce fut aussi une prouesse, puisqu'une trentaine de voitures furent utilisées dont la plupart détruites, aujourd'hui on balancerait du CGI, ce serait plus pratique et moins coûteux mais ça n'aurait peut-être pas le même charme. Du grand Carpenter.

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le 13 juin 2017

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