Le film dont vous êtes le superhéros.
Beaucoup de clins d'oeil geek dans ce "film dont vous êtes le superhéros".
Un soir, à Seattle, trois ados découvrent un objet mystérieux enfoui sous terre, dans une forêt, et développent depuis des pouvoirs surnaturels. On m'a parlé de Superman, j'ai aussi pensé à Stephen King. Filmé en caméra censément à l'épaule (but not really, heureusement pour la digestion), l'idée est d'imprégner le spectateur d'un effet de réel total, à la génération youtube/podcast/téléréalité. Ce n'est pas tant un film de superhéros qu'un teen movie. Ca commence lentement, mais ce n'est pas sans rappeler un genre de sous-Elephant, pour le côté immersion dans une vie lycéenne un peu douloureuse, mais avant tout très en demie-teinte. Puis vient la vraie question. Qu'est-ce qui se passerait *en vrai* si des ados devenaient télékinétiques, capables de voler, etc.? Non, Stan Lee, ils se découvriraient pas nécessairement de grandes responsabilités. Il s'ensuit une (longue) séquence Jackass avec néanmoins de très beaux passages (une partie de football dans le ciel <3), avant de récupérer les rennes dramatiques du récit, façon Akira, moins apocalyptique, plus teen-angst (mais dont l'inspiration est tellement énorme qu'elle confine au copié-collé, c'est gênant).
C'est accrocheur à voir, on se laisse prendre assez facilement, et on passe un très bon moment, même si c'est inégal. Toutefois, il est difficile de ne pas songer au film magistral que ça aurait pu être sans certains gimmicks qui, sous couvert d'en faire un film réaliste, nuisent à la narration. La caméra embarquée fonctionne dans des films dont le principe repose sur une *situation* dramatique, et où la psychologie des personnages importe finalement assez peu (c'est le cas de Cloverfield ou de Blair Witch). Dans un film comme celui-ci, à mi-chemin entre le superhéros et Columbine, le mal-être adolescent joue à plein, on veut de l'introspection, et cette piste peut malheureusement moins être exploitée, tant le réal' perd de temps à justifier la simple présence de sa caméra et son effet de réel, alors qu'on souhaiterait en voir plus sur ce personnage principal-antihéros, dont on devine seulement le mal-être avant de le voir exploser en plein vol. Un ami à moi a dit, sur son blog, "est-ce que les ados de Breakfast Club auraient eu l'air plus vrai s'ils s'étaient filmés eux-mêmes? Non, je ne crois pas." Je ne crois pas non plus.
C'est un bon film, une très bonne surprise, ça aurait pu être un très grand teen-movie, dépoussiérant le genre. Keep up the good work.