L'Est, destination exotique.
Les Chroniques de Tchernobyl correspondent point par point à la recette de l'horror road trip movie que nous vous dévoilions en mai dernier.
En effet, le film est constitué selon le "schéma classique" suivant : les protagonistes, de jeunes Américains naïfs, partent à plusieurs faire un tour d'Europe. Cette bande de potes est formée d'un couple et deux célibataires dont l'un, Paul, habite en Ukraine. Les amis atterrissent à Kiev, nouvelle ville exotique par excellence dans l'imaginaire collectif des voyageurs. Sur place, ils décident de faire du tourisme de l'extrême, guidés par un slave free-lance. Un second couple en quête de sensations fortes se joint à eux.
Deuxième ingrédient du film : le what the hell is this old van, autrement dit la vieille camionnette d'Uri le guide qui semble dater d'avant la chute de l'URSS. Eh oui. Pourquoi un tel élément ? Parce que l'histoire se déroule à Kiev et dans ses environs, en Ukraine, bref, à l'Est. Brrrr....l'Est et ses légendes urbaines, l'Est et ses conditions de vie dégradantes, et ses voitures défoncées, jamais réparées mais qui roulent quand même.
Nos jeunes Américains montent donc dans le old van d'Uri qui se dirige vers Prypiat, le village où a eu lieu la catastrophe de Tchernobyl, cadre idéal de l'horreur. Seulement voilà, des soldats barrent la route principale pour accéder au dit village. Alors Uri, slave débrouillard, en emprunte une autre, perdue dans les bois... C'est l'hiver, il fait froid, et de surcroît, la zone ayant été irradiée, il n'y a pas âme qui vive. On frissonne.
Comme l'histoire se passe dans les forêts ukrainiennes, il n'y a pas d'arrêt-type à la station-service chelou du coin.
D'autre part, la cabane dans les bois, ingrédient-phare de l'horror road trip movie est ici remplacée par des barres d'immeubles laissées à l'abandon suite à la catastrophe nucléaire, que les personnages ne vont guère manquer d'explorer.
Enfin, on retrouve, comme dans tous les films de ce genre, de fortes personnalités : la blonde et son décolleté plongeant par cinq degrés ; la brune forcément intelligente donc célibataire et débrouillarde ; le slave et son accent à couper au couteau qui, malgré les apparences et un flingue caché dans son van, fait preuve de bienveillance. Uri est le substitut du traditionnel flic volontaire qui meurt par trop de naïveté.
A cela s'ajoute un mélange de caméra à l'épaule pour un rendu plus vrai, à la manière de Blair Witch et Chronicle, et d'une réalisation plus classique.
Tous ces ingrédients réunis et mijotés par Oren Peli, scénariste du film mais aussi de Paranormal Activity (2007), composent-ils un bon survival ? Malgré notre connaissance des rouages du genre, parvenons-nous à frissonner ? Telles sont les questions existentielles que le spectateur nocturne, avide de sensations fortes un vendredi soir estival pluvieux, est tenté de se poser.
N'y allons donc pas par quatre chemins et empruntons la route sinueuse d'Uri.
Le film commence en douceur. Les premières images convoquées à l'écran proviennent de la caméra des personnages qui se filment tour à tour dans les capitales européennes. Vient ensuite l'arrivée à Kiev, et la brève découverte de la ville avec Paul, un des célibataires résidant sur place. Le lendemain matin de leur arrivée, entraînés par Paul, ce petit malin qui a tout fomenté, les personnages acceptent de visiter Prypiat en compagnie d'Uri, le colosse slave un peu weird. Hop, tout ce beau monde se met en route. Le périple n'en est pas moins ponctué par une petite plaisanterie d'Uri, plaisanterie qui ne fait que renforcer les préjugés sur les Slaves. Nous ne spoilerons pas.
Il faut donc attendre une bonne demi-heure avant qu'on ne rentre dans le vif de la chair, que les personnages ne soient enfin pourchassés par de féroces bergers allemands et des êtres déformés.
Le film est somme toute assez plaisant, mêlant huis-clos dans le old van, course-poursuites dans les bois et dans le village, et faux suspenses. Tout cela bien sûr, entrecoupé de scènes cannibales, d'enlèvements suivis de meurtres, sans que l'on ne voie jamais précisément l'apparence des créatures. Parfois on rit devant la bêtise de certains personnages et de l'ineptie de certaines situations : par exemple, pourquoi diantre Paul appelle-t-il haut et fort son frère disparu au risque de se faire entendre par toutes les créatures cannibales qui peuplent le village ? Ou encore pourquoi Natalie, la blonde du groupe, ne ferme-t-elle pas son blouson alors qu'elle a froid ? Autant de questions pertinentes que vous jugerez bon de vous demander.
Les Chroniques de Tchernobyl est un film dont on peut aisément se passer mais qui est loin d'être un mauvais survival. S'il accumule maints clichés (cf. notre recette), il n'en reste pas moins divertissant. Et c'est déjà bien assez pour un vendredi soir estival pluvieux !