Chroniques de Tchernobyl par AntoineRA
Oh putain, comme je déteste ce genre de films. Déjà, sachez que quand le temps est venu d'effectuer la mission à Tchernobyl dans Call Of Duty 4: Modern Warfare, j'étais pas tranquille avec ces foutus clebs qui surgissaient d'un instant à l'autre. Cette ambiance de désolation figée me met mal à l'aise, et vu l'implication que demandait le jeu vidéo, j'étais ravi une fois arrivé au bout, ravi aussi que ça se déroule en plein jour !
Ce qui n'est pas vraiment le cas de ce Chroniques De Tchernobyl. Qui plus est, il est filmé assez étrangement. Derrière la caméra, un inconnu, Bradley Parker, habituellement cantonné à la supervision ou réalisation d'effets visuels. À la production, toutefois, on y trouve Oren Peli, réal de Paranormal Activity et producteur de ses suites ainsi que de Insidious et le prochain Rob Zombie : Lords Of Salem. Un habitué des films à petits budgets à vrai dire, et celui-ci ne déroge pas à la règle avec son un million au compteur. Comme je le disais, la mise en scène est plutôt bizarre. Par moments c'est filmé en caméra à l'épaule (mais par aucun des acteurs) et à d'autres ça adopte une tournure plus conventionnelle. L'alternance des deux est toutefois plutôt bien gérée avec la prise de vue immersive dans les scènes les plus intenses et tendues.
Et il y a de quoi faire avec ce film. Pourtant ça commence comme tout bon teen movie horrifique où des gosses décident de s'isoler dans un coin reculer ou de se faire des frayeurs dans un lieu hanté/maudit. Y a les personnages clichesques au possible : le bad boy, le garçon bien, la bimbo au décolleté qui menace d'exploser à chaque seconde, et l'amie sainte-nitouche, en plus d'un autre couple de métalleux, et de Yuri, le guide ukrainien à l'accent bien senti. Et puis ils partent en expédition Pripiat, ville abandonnée suite à la catastrophe de Tchernobyl. Le tourisme de l'extrême qu'ils appellent ça.
L'intrigue commence donc doucement, voire mollement, façon Hostel, avec des personnages peu empathiques. Ils visitent ce lieu, en faisant gaffe au radiations, et le réal utilise quelques jump scares bien classiques. Il y fait jour - tant mieux - mais rien que le fait de se sentir avec eux dans ce lieu sans vie, dévasté, ne laisse pas insensible. La reconstitution est très bien rendue d'ailleurs. Et puis la nuit arrive et, comme par hasard, notre joyeuse troupe se retrouve bloquée sur place. Et là commencent à se produire des phénomènes étranges. Déjà qu'à pleine visibilité, le lieu n'est pas rassurant ; alors dans une obscurité quasi totale, c'est vraiment sinistre et effrayant. Le film dérive d'ailleurs plus vers un La Colline A Des Yeux pour le coup, en restant la majeure partie du temps dans le suggestif, que ce soit pour les "créatures" qui interviennent, ou même les morts des personnages, dont on se contrefout. Rien que le fait de savoir ces aliénés, sans limites, rôder aux alentours file des frissons.
Imaginez-vous, en pleine nuit, dans cette ville désolée, inanimée, et entendre des pleurs de bébés ou voir des silhouettes s'agiter. Le réalisateur arrive à retransmettre cet effroi en n'exagérant guère sa mise en scène, gardant la caméra à côté des protagonistes et nous laissant dans la peur de l'inconnu. La musique de Diego Stocco joue d'ailleurs parfaitement sur le registre en sachant ne pas intervenir et laisser l'isolation totale envahir le spectateur. Autrement, il use de pas mal de samples obscurs, malsains, avec des bourdonnements de basse oppressant et quelques percussions urbaines très dépouillées qui siéent sans contexte à l'ambiance claustrophobe qui se fait ressentir lorsque l'on est emmené dans les dédales de béton.
En contrepartie, l'intrigue est obsolète, prévisible, et même la fin ne réserve que peu de surprises. Pas mal de points demeurent non expliqués, ce qui peut gêner, mais peut également être bien vu pour conserver le côté mystérieux. L'attrait principal du film résidant, je me répète, dans son lieu. Même si cela peut sembler facile de se contenter de baser son action dans un tel endroit. Côté acteurs, ils ne sont pas connus, et ne perceront certainement pas grâce à ce film, puisque l'on éprouve aucune attache pour eux. On arrive cependant très bien à être transporté à leurs côtés.
En somme, Bradley Parker ne révolutionne rien, ni n'aura de chance de finir en tête d'aucun classement. Chroniques De Tchernobyl est très basique parmi les films d'épouvante low-cost et je ne m'attendais à rien du tout d'après la bande-annonce. La réussite de la pellicule résidera davantage dans le fait de votre sensibilité à ce genre d'ambiance malsaine et étouffante. Pour ma part, c'est l'endroit où s'établit l'action qui permet au film de fonctionner là où certains autres found footage ou films de maisons hantées m'ennuient.