Un cinéma sous perfusion scolaire

Chroniques de Téhéran, réalisé par Ali Asgari et Alireza Khatami, ambitionne de dresser un portrait critique de la société iranienne à travers une série de vignettes sociales.

Si le film ne manque ni de sincérité ni de justesse dans son propos, sa forme ultra-scolaire plombe totalement son impact. L’enchaînement de plans fixes, mettant en scène des portraits distincts sans jamais montrer l’oppresseur, alourdit inutilement le récit. Ce procédé, censé suggérer plus qu’il ne montre, devient rapidement mécanique et manque cruellement d’inventivité. Le film tombe également dans le piège du manichéisme : chaque scène oppose des victimes parfaites à des oppresseurs monolithiques, sans nuance ni ambivalence. Ce schématisme dessert totalement le propos, donnant l’impression d’un exercice didactique plus que d’un véritable film de cinéma.

Les images elles-mêmes manquent de subtilité : la fillette empêchée de danser par son hijab, ou l’artiste tatoué levant le poing dans un geste de révolte ostentatoire, sont des symboles si appuyés qu’ils en deviennent presque risibles. L’autre problème majeur vient du format : les dialogues et monologues répétitifs finissent par lasser, et la structure en saynètes s’éternise. À mesure que les segments s’enchaînent, je me surprenais à redouter les suivants, tant la monotonie et le ton démonstratif écrasaient tout souffle cinématographique.

Malgré un sujet essentiel, Chroniques de Téhéran peine à convaincre, plombé par une mise en scène trop didactique et un manque flagrant de subtilité. Plus assommant qu’engagé, le film suscite surtout un profond ennui.