Formes massives, telluriques, comme en dehors du Temps : merveilles du Monde archaïques irradiées d'un lumière solaire, aux abords de l'Humanité... Chronos de Ron Fricke, en un peu plus de quarante minutes, développe une inédite méditation sur le mouvement et l'inertie, sur l'élémentaire et ses quatre piliers, sur l'état de Nature et les civilisations passées et présentes. Chef opérateur de génie du chef d'oeuvre Koyaanisqatsi sorti trois ans plus tôt Ron Fricke nous livre là un objet plastiquement irréprochable, conjugué à la composition pleinement atmosphérique de Michael Stearns...
Au gré d'un enchaînement de plans tenant davantage de la métronomie que de l'arythmie ledit réalisateur s'empare du matériau le plus précieux qui soit ( la Terre et ses innombrables formes, forces et terrains de contraste ) pour mieux expérimenter toutes les possibilités du mouvement et ses structures intrinsèques : figure du time-lapse tout droit héritée de Koyaanisqatsi, slow motion comme parfait contrepoint, stries ou encore immuabilité des formes terrestres et civilisationnelles. Chronos renvoie immanquablement aux notions de passage du Temps et de Mémoire tout en évoquant son homonyme grec : le dieu créateur et impitoyable Cronos, entité mystique et mystérieuse située par-delà le somptueux concert proposé par Fricke et Stearns. Magnifique !