Comment sublimer le banal
L’histoire est simple et sans prétention. Deux agents de la police se trouvant en manque d’amour, suite à une rupture qu’ils ont du mal à encaisser.
Après s’être fait plaquer, l’agent Wu et l’agent 633, chacun de son côté, tentent de surmonter cette solitude. L’un en lançant des ultimatums farfelus à sa copine déjà partie, l’autre en essayant d’étendre sa souffrance aux objets qui l’entourent.
Acheter trente boites d’ananas et les manger au bout de leur date limite de consommation, ou décider de tomber amoureux de la première venue en l’abordant avec un « Pardon, aimez-vous les ananas ? », semblent aider Wu à surmonter son chagrin d’amour.
Constater que sa savonnette est déprimée puisqu’elle a perdu beaucoup de poids et tenter de la consoler, rend invraisemblablement l’agent 633 moins seul.
Si le premier collectionne les râteaux, le second semble enfin trouver une personne qui le comprend et qui décide de l’aider à surmonter la pente.
Il s’agit de Faye, une employée du fast food fréquenté par les deux agents.
Une manière assez originale de traiter les peines de cœur, du point de vue des hommes. Habitué à sublimer les histoires anodines entre autre grâce à une bande son exceptionnelle, Wong Kar-Waï nous présente un film en forme d’ananas justement.
Même si le fruit peut sembler repoussant, il faut aller au bout en explorant les lignes entourant ses écailles, qui se croisent et s’entrecroisent, parfois menant à un cul-de-sac, parfois permettant l’atteinte de la chair à la fois sucrée et acide.