Hou, la vilaine rapporteuse !
J'ai longtemps repoussé le visionnage de ce film. Parce qu'il est long. Non pas que je n'aime pas les films longs, mais simplement que je n'ai pas trop envie de me coucher trop tard. Mais aujourd'hui j'ai fais une entorse à mon planning habituel et j'ai donc lancé le film plus tôt qu'à l'accoutumée.
En voyant ce film, je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre sorti la même année : "Strait Jacket". Il y a pas mal de points communs dans l'intrigue. Le plus amusant c'est que Joan Crawford, qui devait jouer ici face à Bette Davis, avait le rôle principal de ce "Strait Jacket". Je précise que ce dernier film, réalisé par William Castle est un chef d'oeuvre au même titre que ce "Hush Hush Sweet Charlotte" et que je le recommande donc aussi chaudement que ce film-ci.
Derni apparté avant de me lancer dans la critique, le titre français "Chut chut, chère Charlotte" est franchement naze. Ca fait un peu tchoutchou comme un train. Le jeu de mots sur le son 'ch' rend le titre amusant, alors que dans le titre anglais, il y a quelque chose qui refroidit (même s'il s'agit d'une simple traduction). Le titre belge, en revanche, est plus trash, peut-être trop par rapport à l'original : "Berceuse pour un massacre". Un régal, ce genre de titre.
Ce qui m'a gêné dans le scénario, disons le d'emblée, c'est la volonté de faire du mystère dans cette intrigue. Les desseins de Miriam nous sont cachés trop longtemps alors qu'il aurait été bien plus intéressant de les présenter d'entrée de jeu. Officiellement. Oui parce que bien sûr, c'est assez évident, on se doute très vite de sa personnalité. Surtout si on a vu 'Strait Jacket' avant. mais bon cela n'empêche pas la claque de nous déformer le visage momentanément. Car le génie Aldrich a frappé. Les situations sont fortes, glauques, approfondies. On pourra regretter certains passages un peu trop liés à cette narration prévisible, mais il reste toujours ces personnages, ces dialogues, ces situations et puis surtout une violence assez trash ( et je ne parle pas du gore, mais bien d ela violence des situations, des propos, etc.).
Outre une histoire emballante, Aldrich signe ici une mise en scène diablement efficace. L'avantage à tourner dans une maison/studio (lorsque Crawford était encore du casting, il était prévu de tourner les intérieurs dans une vraie maison construite à cet effet ; hélas, en quittant la production, Aldrich a perdu pas mal d'argent avec et a dû s'orienter vers un studio), c'est que l'on peut contrôler la lumière comme on peut. Et y a pas, à l'époque on savait utiliser la lumière, chose que les réalisateurs d'aujourd'hui ont tendance à mettre de côté sans doute à cause des couleurs. Le découpage est également très bien pensé. On y trouve unebelle variété de plans, des travelling audacieux pour l'époque. Puis enfin, il y a ces acteurs incroyables. Dommage que Crawford ait refusé pour un énième face à face avec sa pire ennemie... ceci dit, sa remplaçante, qui ne fut pas simple à trouver à en croire la trivia IMDb, fait du très bon boulot. Betty Davis, quant à elle, bouffe l'écran. Depuis The Nanny, je la savais douée pour interprêter la folie, mais là, je dis chapeau. Elle parvient à rendre touchants ses accés de folie.
Bref, "Hush, Hush Sweet Charlotte" est un de ces films coups de poing, engagé qui reste bien en mémoire. Et si vous aimez ce film-ci, je vous recommande vraiment "Strait Jacket". Il faut laisser un peu de temps entre les deux sessions, bien sûr, à cause de ces similarités trop évidentes entre les deux trames, mais le jeu en vaut la chandelle.